But
Cette leçon a comme but de présenter la vision du monde Waponahkewiyik (Wabanaki) aux élèves. Les Enseignements de la roue de médecine sont utilisés comme outil d’apprentissage pour promouvoir la pensée holistique et pour commencer d’apercevoir des interconnexions au cœur du monde naturel. Il est essentiel de cultiver une compréhension de la vision du monde Waponahkewiyik (Wabanaki) pour comprendre la perspective Waponahkewiyik (Wabanaki) lors de la négociation de Traités de paix et d’amitié.
Apprentissage de l’élève
Je serai en mesure :
- d’explorer Ta’n tel-pilu’ – nmitmk wskwitqamu la vision du monde Waponahkewiyik Waponahkewiyik Piluwamsotuwakonol. (Activité 1)
- d’explorer et de discuter des Kiwto’qikit Nepisimkewey Enseignements de la roue de médecine Woli Pomawsuwawkonol comme façon de comprendre la vision du monde Wabanaki. (Activité 1)
- de créer une œuvre d’art qui démontre une compréhension d’un aspect des Enseignements de la roue de médecine et d’être capable de discuter l’intention de mon œuvre. (Activité 1)
- d’explorer les notions de Netukulimk la pensée de septième génération Woli Pomawsuwakon en m’appuyant sur des vidéos et des discussions en petits groupes et de classe, et d’être capable de présenter créativement des idées d’une façon qui me convient. (Activité 2)
- d’approfondir ma relation avec le monde naturel en me promenant dans la nature, en m’assoyant en silence pour observer, et en prenant le temps de réfléchir à mon expérience. (Activité 3)
- de réfléchir à ce que j’apprends de façon plus holistique, en impliquant ma Pensée, mon Corps, mon Cœur et mon Esprit. (Activité 3)
Nous savons au moins ceci : la Terre n’appartient pas à l’homme; l’homme appartient à la Terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent. Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement un fil. Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même.
Chief Seattle, 1790 – 18661
Dès le 18e siècle, des traités ont été signés entre la Couronne britannique et les Waponahkewiyik (Nations Wabanaki). Ces Traités de paix et d’amitié entre les Britanniques et les Mi’kmaq, Wolastoqewiyik, Paskotomuhkati (Pescomody), Panuwapskewiyik (Pentagouet), et Aponahkewiyik (Abénaquis) ont été parmi les premiers traités conclus. Chaque traité réaffirmait la tpelotagan relation scellée par traité kci lakutimok entre les Britanniques et les Waponahkewiyik et traçait un chemin pour maintenir et avancer le respect des droits et les modes de vie de chacun. L’article 35 de la Constitution du Canada reconnait et affirme ces droits issus de traités.
Les Britanniques ont enregistré les Traités de paix et d’amitié sous forme écrite, en anglais. Cependant, les représentants britanniques et Waponahkewiyik voyaient le monde de façons extrêmement différentes et parlaient des langues différentes. Nous ne comprenons qu’incomplètement les traités si nous n’apprécions pas l’esprit et l’intention des Traités de paix et d’amitiés selon la perspective Waponahkewiyik (Wabanaki).
Pour commencer à comprendre les Traités de paix et d’amitié d’un point de vue Waponahkewiyik, il faut d’abord examiner la vision du monde Waponahkewiyik. (Vous pouvez aussi trouver en anglais des informations très utiles au sujet de la vision du monde Waponahkewiyik sur le site web « World of Wisdom » du Bureau de l’éducation des Premières Nations du Nouveau-Brunswick – https://world-of-wisdom.ca/ (en anglais seulement).
Une note sur la participation des Aînés
L’idéal, chaque fois que c’est possible, c’est de vous assurer l’appui en salle de classe d’Aînés et de gardiens des savoirs Waponahkewi lorsque vous discutez de la vision du monde Waponahkewiyik avec vos élèves. Les Aînés Waponahkewi sont les « Porteurs de la langue et de la culture » des communautés Waponahkey. Ils sont les « Gardiens de la sagesse » pour les générations présentes et à venir. En invitant des Aînés à participer à vos cours, vous ferez preuve de respect envers eux et la sagesse qu’ils véhiculent tout en leur donnant l’occasion de partager leurs connaissances avec les élèves. La savoir des Aînés est essentiel pour l’étude des valeurs, des croyances et de la morale des Waponahkewiyik.
Perley, I. (2021, Janvier – Avril). Wabanaki Worldviews (Visions du monde Wabanaki). Université du Nouveau-Brunswick. Traduction libre.
Qu’est-ce qu’une vision du monde ?
Les Aînés Wolastoqewi Dr David Perley et Dr Imelda Perley veulent que les élèves apprécient qu’une vision du monde « est formée par les principes que nous acquérons pour arriver à comprendre le monde qui nous entoure. Les jeunes absorbent ces principes — y compris les valeurs, les traditions et les coutumes — de mythes, de légendes, de récits, de la famille, de la communauté, et de l’exemple donné par les leaders communautaires » (Oscar Kawagley [spécialiste Yupiaq], 2006, 7. Traduction libre).
Les visions du monde comprennent une vaste gamme de croyances et de notions interdépendantes et interconnectées, surtout les langues et la culture, mais incluent aussi la spiritualité, la façon dont on a été élevé, et les expériences personnelles. Les visions du monde peuvent varier considérablement d’une culture à l’autre et d’une personne à l’autre. Il est important d’aborder le sujet des visions du monde avec sensibilité et respect.
Les visions du monde Waponahkewiyik (Wabanaki)
La vision du monde Waponahkewiyik, comme celles de toutes les autres Premières Nations au Canada, est intrinsèquement liée à la langue. Nos Aînés soutiennent que notre langue nous relie à nos enseignements ancestraux et promeut une vision du monde qui met l’accent sur des relations respectueuses entre les humains et toute la création.
La langue n’est pas seulement une façon de communiquer, mais aussi porteuse du patrimoine culturel, de savoir écologique, d’identité et de spiritualité. La langue joue un rôle fondamental dans la compréhension qu’ont les Waponahkewiyik de notre place dans le monde.
Par exemple, les langues mi’kmaw, wolastoqey et peskotomuhkati (pescomody) sont relationnelles et expriment des relations avec et au cœur de toute la création. Le tableau ci-dessous fournit quelques exemples de mots mi’kmaw et wolastoqey qui expriment ces relations.
Vocabulaire
Français | Mi’kmaw | Wolastoqey Latuwewakon |
---|---|---|
Terre Mère | Kkijinu Maqamikew | Kci Kikuwosson |
Ceux qui marchent sur la Terre | Mimajuinu’k | Skicinuwok |
Tous les êtres vivants sont apparentés | Kmimajuagnminal | Psonakutomuwakonol |
Toute ma parenté | Msɨt No’kmaq | Psiw Ntolonapemok |
Vivre en respectant l’environnement pour en assurer la pérénnité | Netukulimk | Woli Pomawsuwakon |
Interdépendance | Wetapeksin | Kci Mawawsultimok |
Les langues et les visions du monde Waponahkey fournissent une optique culturelle pour les façons dont les Waponahkewiyik voient et vivent le monde, et comment nous nous rattachons au monde. La langue que nous utilisons nous apprend comment nous nous sentons envers Kkijinu Maqamikew Terre Mère Kci Kikuwosson et toute la création qui vit sur elle et avec nous.
Kejitu’sɨp ? Le savais-tu ? ‘Kocicihtuness ?
Dans la langue Wolastoqey Latuwewakon, il n’y a pas de mot pour « le » ou « la » ?
On ne parle pas de la planète comme de « la terre », mais toujours Kci-kikuwosson – Terre Mère.
Dis « la terre » et puis « Terre Mère ». Comment te sens-tu dans chaque cas ?
Les mots « le » ou « la » vont chosifier la création, en faire un objet, et à cause de cela les gens vont se sentir séparés de la création au lieu d’être en relation avec elle.
Si tu pensais à nos terres et nos rivières comme étant de ta parenté, comment les traiterais-tu différemment ?
L’importance de la langue et son lien avec la vision du monde seront présentés en détail à la leçon suivante, Leçon B : Langue de ces terres.
La vision du monde Waponahkewiyik (Wabanaki) est reflétée dans la phrase Msɨt No’kmaq Toute ma parenté Psiw Ntolonapemok, qui reconnait que nous sommes apparentés non seulement aux autres humains, mais aussi à tous les êtres qui ont des pattes, des nageoires, des ailes ainsi qu’aux êtres qui se tiennent debout (les arbres) ou qui rampent : à toute la création.
Puisque toute la création est apparentée, y compris les êtres humains, nous sommes donc aussi responsables pour et envers toute la création et tous ceux qui en font partie. Toute la création est interdépendante, et nous voulons maintenir l’équilibre et l’harmonie du monde.
Cette interdépendance est nommée Wetapeksin ou Kci Mawawsultimok. Lorsque nous remercions tout ce qui nous entoure, nous reconnaissons cette interdépendance de la vie. Le lien entre penser et faire est crucial – vivre ce que l’on sait est au cœur de Wetapesksin ou Kci Mawawsultimok. En se considérant comme vivant au sein de l’environnement et comme faisant partie des cycles de la vie, on voit le monde de l’intérieur, au lieu de l’observer de l’extérieur.
Pendant des milliers d’années, avant le contact avec les Européens, les Waponahkewiyik (Wabanaki) vivaient de manière à équilibrer les besoins des gens et ceux de notre monde naturel. Les Waponahkewiyik (Wabanaki) travaillaient à préserver les ressources naturelles qui leur fournissaient nourriture, abri et vêtements. Cette façon de vivre en équilibre avec la nature assurait que les ressources essentielles seraient toujours là pour les générations à venir. C’est pour protéger les gens et les ressources que les ancêtres Waponahkewiyik se sont battus lorsqu’ils ont négocié et signé les traités avec les Britanniques.
En tant que Skicinuwok – Ceux qui marchent sur la Terre – nous avons des responsabilités. Une de ces responsabilités, c’est de s’assurer que Terre Mère est toujours en bonne santé. Nous devons du respect envers Terre Mère. Elle a un esprit, et nous devons nous assurer que lorsque nous marchons sur Terre Mère, il nous faut marcher en beauté, et nous assurer que lorsque nous quittons ce monde pour rejoindre le monde des esprits, nous laissons derrière nous une Terre Mère en bonne santé. Alors nous avons des responsabilités en tant que ceux qui marchent sur la Terre, des responsabilités que nous enseignent nos Aînés, et qui sont transmises de génération en génération.
L’Aîné Wolastoqewi Dr David Perley, 20212
On appelle souvent le désir de laisser la Terre Mère en santé et foisonnante Netukulimk Pensée de septième génération Woli Pomawsuwakon, ce qui signifie vivre en respectant l’environnement afin d’en assurer et honorer la pérennité et la prospérité pour les générations ancestrales, présentes, et surtout futures. Par exemple, les Aînés Waponahkewi nous enseignent qu’en cueillant le foin d’odeur, qui est la chevelure de Terre Mère, il faut laisser le premier brin qu’on trouve, puis laisser les deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième, et cueillir le huitième. C’est un signe de grand respect et de contemplation, car on en laisse suffisamment pour les sept générations à naître.
La Netukulimk Pensée de septième génération Woli Pomawsuwakon garantit la pérennité et la réciprocité, et démontre que les Waponahkewiyik reconnaissent le besoin de respecter et d’estimer leur première relation issue d’un traité – celle avec la Terre Mère et toute sa famille. Et comme nous faisons partie de cette famille, c’est aussi un traité avec soi-même.
Être autochtone d’un lieu signifie vivre comme si l’avenir de ses enfants importait, de prendre soin des terres comme si notre vie, matérielle comme spirituelle, en dépendait.
Robin Wall Kimmerer, 2013, p. 9. Traduction libre.
Enseignements de la roue de médecine
Les roues de médecine sont des symboles puissants pour de nombreuses Nations autochtones. Il est important de noter que chaque nation peut avoir sa propre façon d’enseigner et de comprendre les roues de médecine; elle peut utiliser d’autres couleurs, ou présenter les couleurs dans un ordre différent, selon ses récits, ses valeurs et ses croyances. Cela ne veut pas dire qu’un ensemble d’enseignements est plus exact qu’un autre. Chaque Nation et chaque Aîné(e) se penche vers ce qui lui convient le mieux.
Cependant, les enseignements de la roue de médecine de différentes Nations autochtones présentent des similarités fondamentales. Les enseignements de la roue de médecine sont holistiques et enseignent l’interdépendance de toute la création et l’importance de l’équilibre et de l’harmonie des réalités physiques, émotionnelles, mentales et spirituelles.
La roue de médecine n’est pas d’origine wolastoqey ou mi’kmaw; historiquement, ces Nations wabanaki n’utilisaient pas cet outil. Cependant, au cours des dernières décennies, les enseignements de la roue de médecine ont été partagés et interprétés entre nations autochtones comme outil holistique pour aider à la guérison. Ce sont des enseignements puissants pour comprendre les visions du monde waponahkewiyik.
Dans ce plan de leçon, nous faisons référence aux enseignements de la roue de médecine décrits par les Aînés Wolastoqewi Opolahsomuwehs (Lune du vent tournoyant) Imelda Perley et David Perley, ainsi que par feue l’Aînée Sagatay (La lumière d’avant l’aube) Gwen Bear.
En Wolastoqey Latuwewakon, les enseignements de la roue de médecine s’appellent Woli Pomawsuwakonol, ou Marche sur Terre sacrée.
Les Mi’kmaq appellent les enseignements de la roue de médecine Kiwto’qikit Nepisimkewey.
Les roues de médecine sont des symboles sacrés, qu’on représente par un cercle divisé en quatre parties ou quadrants.
Les roues de médecine mi’kmaw diffèrent un peu, mais les enseignements de base sont essentiellement les mêmes. Par exemple, les roues de médecine mi’kmaw montrent souvent la couleur jaune à l’est, le noir au sud, le rouge à l’ouest, et le blanc au nord.
Selon les Aînés Wolastoqewi Opolahsomuwehs (Lune du vent tournoyant) Imelda Perley et David Perley, il est important de réfléchir aux deux termes :
- La Médecine signifie les traditions, les cérémonies, les croyances, les valeurs, les idéaux, les visions du monde et la langue, ainsi que les plantes médicinales sacrées qui proviennent de la Terre Mère.
- La Roue représente le cercle sacré de la vie, y compris les nombreux cycles et nombreuses récurrences qui se trouvent dans la nature et tout au long du parcours de notre vie. Le cercle de la vie, tel qu’il se retrouve dans le changement des saisons et la durée de vie des plantes, des animaux et des humains nous rappelle que tout circule en un cercle ou un cycle.
Kejitu’sɨp ? Le savais-tu ? ‘Kocicihtuness ?
Le terme roue de médecine a d’abord été utilisé au début du 20e siècle par des américains d’ascendance européenne pour décrire l’ancienne roue de médecine en pierres de Big Horn, au Wyoming. Cette roue repose dans les territoires ancestraux des Crow, bien que leur histoire orale soutient que la roue de médecine Big Horn existait avant leur arrivée en ces terres.
On a identifié jusqu’à présent plus de 70 anciennes roues de médecine avec un cairn central et/ou des rayons et des cercles extérieurs à travers le nord des Grandes Plaines, du Wyoming, le Dakota du Sud et le Dakota du Nord, jusqu’en Alberta et en Saskatchewan. La majorité se trouvent en Alberta, où on en compte 57.
Des études archéologiques indiquent que les premiers sites de roue de médecine datent de 4 500 – 5 000 av. J.-C., et qu’ils étaient probablement utilisés à des fins cérémonielles par de nombreux groupes culturels autochtones ancestraux.
Sources :
- Medicine Wheel/Medicine Mountain National Historic Landmark https://en.wikipedia.org/wiki/Medicine_Wheel/Medicine_Mountain_National_Historic_Landmark
- Indigenous Corporate Training Inc. (2020). What is an Indigenous Medicine Wheel. https://www.ictinc.ca/blog/what-is-an-indigenous-medicine-wheel
- L’Encyclopédie canadienne (2015). Medicine Wheels. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/medicine-wheels
- Cookson, Cory. (2020). The 9 types of Medicine Wheels in Alberta. https://emberarchaeology.ca/the-9-types-of-medicine-wheels-in-alberta/
La roue de médecine n’enseigne pas une seule leçon. C’est plutôt la source d’un nombre infini de leçons. Chacune de ces leçons renforce les sept dons [l’amour, l’honnêteté, l’humilité, le respect, la vérité, la patience et la sagesse] et le besoin d’équilibre dans notre vie. La roue de médecine nous montre le respect pour toutes les races de la terre et les dons qu’ils apportent. Et encore, elle nous rappelle les saisons, les brises chaudes, la nouveauté de chaque journée, l’esprit en toutes choses, et la clarté d’esprit des Aînés et des enfants… La roue de médecine représente aussi l’équilibre du corps, de la pensée, de l’esprit et de l’environnement. Par-dessus tout, elle honore la sagesse de la Terre Mère, construisant sur les exemples qu’elle fournit de cycles et de changements.
L’Aîné Mi’kmaq Albert Marshall3
Les couleurs sacrées de l’humanité
Quatre couleurs différentes sont assignées à chaque quadrant d’une roue de médecine. Les roues de médecine Waponahkey utilisent quatre (des sept) couleurs sacrées de la création : le rouge, le noir, le jaune et le blanc. Il faut savoir que les termes Mi’kmaw et Wolastoqey pour rouge, noir, jaune et blanc sont des mots considérés vivants et qui représentent la connexion avec les humains et tous les êtres vivants.
Il y a trois autres couleurs sacrées reconnues : le bleu pour le ciel et l’eau, le vert pour l’herbe et les arbres et toute la vie végétale, et le brun pour la Terre Mère et ses médecines sacrées.
Français | Mi’kmaw | Wolastoqey Latuwewakon |
---|---|---|
Rouge | Mekwe’k | Mehqeyu |
Noir | Maqtawe’k | Mokoseweyu |
Jaune | Wataptek | Wisaweyu |
Blanc | Wape’k | Wapeyu |
Bleu | Pkumanamu’k | Mosqonocihte |
Vert | Stoqnamu’k | Stahqonocite |
Brun | Tupkwanamu’k | Tupqanocihte |
Quatre directions
Les quatre quadrants de la roue de médecine représentent aussi les quatre points cardinaux : l’est, le sud, l’ouest et le nord. Selon les enseignements de la roue de médecine Waponahkey, la couleur rouge se trouve habituellement à l’est, parce que Wapon signifie « première lumière » et les Waponahkewiyik sont « le peuple de la première lumière » ou le peuple de l’aube.
Les Waponahkewiyik honorent sept directions. En plus de l’est, du sud, de l’ouest et du noir, les autres directions comprennent :
- le haut, vers le Créateur, le ciel, Grand-père Soleil et Grand-Mère Lune;
- le bas vers la Terre Mère, et
- l’intérieur, vers nous-mêmes et l’esprit des sept générations qui existe en nous.
Français | Mi’kmaw | Wolastoqey Latuwewakon |
---|---|---|
Est | Wjɨpenuk | Cipenuk |
Sud | Pkɨtesnuk | Sawonehsonuk |
Ouest | Tkesnuk | Skiyahsonuk |
Nord | Oqwatnuk | Lahtoqehsonuk |
Haut | Ke’kwe’k | Ewepiw |
Bas | Epune’k | Emekew |
Intérieur | Lame’k | Lamiw |
De nombreuses cérémonies sacrées Waponahkey honorent ces sept directions.
Quatre éléments
Les quadrants représentent aussi les quatre éléments de la nature.
- L’est (rouge) représente la terre,
- Le sud (noir) représente l’eau,
- L’ouest (jaune) représente l’air,
- Le nord (blanc) représente le feu.
Français | Mi’kmaw | Wolastoqey Latuwewakon |
---|---|---|
Terre | Wskwitqamu | Skitkomiq |
Eau | Samqwan | ‘Samaqan |
Air | Wju’sn | Ewon |
Feu | Puktew | Sqot |
Un des enseignements importants de la roue de médecine concerne l’importance de l’équilibre et de l’harmonie. Aujourd’hui, à cause du changement climatique et des mauvais soins que nous avons pris de Terre Mère, il y a un déséquilibre entre les quatre éléments. On peut utiliser une roue de la médecine pour visualiser cela en y dessinant un quadrant du feu plus grand que les autres, pour représenter l’industrie et la course au progrès des humains. Qu’arrive-t-il aux autres quadrants lorsque le feu prend plus que sa juste part ?
Quatre saisons et quatre étapes de la vie
Les Waponahkewiyik voient une symétrie entre les quatre saisons et quatre étapes de la vie.
- Au printemps, un temps de nouvelle vie arrive à l’est. Cela représente aussi la naissance et la petite enfance. Les Waponahkewiyik croient que les nouveau-nés viennent d’arriver du monde spirituel, comme le Soleil qui se lève à l’est.
- Vient ensuite l’été au sud, qui représente aussi la jeunesse, un temps de grande croissance et de croissance émotionnelle.
- L’automne arrive à l’ouest, aligné avec l’âge adulte, lorsque son corps physique a atteint sa maturité.
- Vient ensuite l’hiver au nord, un temps de repos et d’introspection (temps de réflexion en soi) et de renouveau. Il représente aussi l’étape Aînée de la vie, lorsqu’on a fait l’expérience de la vie et acquis une sagesse à partager avec tous.
Quatre saisons
Étapes de la vie
Français | Mi’kmaw | Wolastoqey Latuwewakon |
---|---|---|
Printemps | Siwkw | Siqon |
Été | Nipk | Nipon |
Automne | Toqwa’q | Toqaq |
Hiver | Kesik | Pun |
Naissance | Wskwitqamuit | Nomihqosu |
Jeunesse | Mijua’ji’j | Skinuhsis (garçon) / Pilsqehsis (fille) |
Adulte | Kisikwet | Skitap (homme) / Ehpit (femme) |
Aîné(e) | Kisiku’mimajuinu | Kcicihtuwinut (quelqu’un qui porte la sagesse) |
Kejitu’sɨp ? Le savais-tu ? ‘Kocicihtuness ?
Les Waponahkewiyik utilisent aussi le motif de la double courbe pour représenter le voyage de la vie, de l’esprit à la croissance physique dans le corps de la mère, à travers le parcours sur la Terre, et le retour à l’état d’esprit au sein de la Terre Mère. Le motif de la double courbe suit une forme qui se trouve souvent dans la nature, comme dans la spirale d’une crosse de fougère. Les motifs en double courbe Wolastoqewiyik, Mi’kmaq, et Peskotomuhkati sont tous un peu différents les uns des autres et sont symboliques pour chaque nation.
Quatre états d’être/domaines de croissance personnelle
Les enseignements de la roue de médecine servent aussi comme guides à l’épanouissement et la découverte de soi. Ils nous rappellent que nous avons tous des dons spirituels, émotionnels, physiques et mentaux et que nous devons entretenir ces dons pour maintenir leur équilibre. En comprenant ces enseignements et en s’alignant avec eux, chacun peut s’efforcer à devenir une personne équilibrée, consciente, épanouie et joyeuse et déterminée.
Français | Mi’kmaw | Wolastoqey Latuwewakon |
---|---|---|
Esprit | Jijaqamij | Cocahq |
Cœur | Kamulamun | Psuhun |
Corps | Ntinnin | Hok |
Pensée | Ta’n Wejita’simk | Tpitahasuwakon |
Quatre domaines de droits et de responsabilités
Les roues de médecine Wabanaki nous informent aussi sur nos quatre domaines de droits et de responsabilités.
D’abord, lors de notre enfance, on nous présente le domaine culturel, d’où nous pouvons puiser la force culturelle pour notre passage sur Terre. Au cours de notre jeunesse, nous explorons le monde social et apprenons la compassion et à prendre soin des autres. Rendus à l’âge adulte, nous avons des responsabilités économiques et devons apprendre à partager avec ceux plus démunis que nous. Et finalement, lorsqu’on est devenu un Aîné, nous acquérons davantage de savoir politique et devons faire entendre la vérité.
Français | Mi’kmaw | Wolastoqey Latuwewakon |
---|---|---|
Culturel | Klu’skap | Eleyimok |
Social | Wiaqqatmu’tijik | Mawawsultimok |
Économique | Suliewey | Wetawsultimok |
Politique | Kɨpnno’l | Putuwasultimok |
Il est important de savoir que les enseignements de la roue de médecine sont interdépendants et s’entrecroisent. C’est pourquoi on les représente souvent comme des cercles concentriques, plutôt que comme une suite de cercles séparés (contrairement à ceux ci-dessus, qui sont présentés ainsi pour plus de simplicité).
Par exemple, les enseignements de la roue de médecine Waponahkey peuvent être représentés par l’image qui suit.
Résumé
Les enseignements de la roue de médecine démontrent que tous les aspects de la vie sont interdépendants. Toute la création a été placée sur Terre Mère pour une raison, et nous sommes tous profondément liés les uns aux autres. Notre lien avec la terre et avec Terre Mère peut avoir une influence directe sur notre bien-être spirituel. De même, il nous incombe de prendre soin de Terre Mère et de toute la création, de laquelle nous dépendons pour notre subsistance. La santé de Terre Mère est directement liée à notre propre santé mentale, physique, émotionnelle et spirituelle.
Ce sentiment d’interdépendance, de responsabilité envers Terre Mère et de réciprocité avec elle et tous ceux qui habitent la Terre était à la base du raisonnement des Waponahkewiyik lors de la négociation de traités.
- Texte de Ted Perry pour son film Home (Southern Baptist Radio and Television Commission, 1972). Traduction anonyme disponible à http://www.abacq.net/seattle/comm_fr.htm. ↩︎
- Perley, D. (13 janvier 2021). Visions du monde Wabanaki [conférencier invité à la classe de Dr. Imelda Perley]. Université du Nouveau-Brunswick. Traduction libre. ↩︎
- Marshall, A. (2005). The science of humility [« La science de l’humilité »]. Conférence WIPCE, disponible (en anglais seulement) sur le site de l’institut pour la science et la santé intégratives de l’université du Cap-Breton. http://www.integrativescience.ca/uploads/articles/2005November-Marshall-WIPCE-text-Science-of-Humility-Integrative-Science.pdf Traduction libre. ↩︎
- Perley, I. (2021, Janvier – Avril). Wabanaki Worldviews (Visions du monde Wabanaki). Université du Nouveau-Brunswick. ↩︎