Il y a très longtemps, un peuple habitait sur les bords d’une rivière, qui avait besoin de l’eau de cette rivière pour tout. Ils cueillaient aussi des plantes médicinales, des baies et des noix qui poussaient près d’elle.
Un matin, deux jeunes hommes se sont rendus au bord de la rivière pour y chercher de l’eau. Une fois arrivés à la berge, ils ont découvert que la rivière s’était asséchée. Ils ont couru au wigwam de Sakom (Za-gom) – le chef. Ils ont dit à Sakom ce qu’ils avaient observé. Sakom a donc demandé aux jeunes hommes de rassembler tous les habitants au centre du village pour partager ce qu’ils avaient vécu.
Ce soir-là, ils ont rencontré le Conseil des Anciens. Ils ont décidé d’envoyer leurs deux meilleurs coureurs en amont de la rivière le matin suivant, pour découvrir ce qui était arrivé à l’eau.
Le matin suivant, dès l’aube, les deux jeunes coureurs ont voyagé en amont de la rivière pour découvrir ce qui retenait l’eau. À midi, juste après un tournant, ils ont atteint leur destination. Ils ont été étonnés de voir un grand mur de grosses roches qui retenait toute l’eau. Assis en haut du barrage se trouvait une immense créature verte, horriblement laide. Arrivant en bas du barrage, les deux coureurs ont levé les yeux vers la créature et lui ont dit, « Peux-tu enlever le mur de grosses roches et laisser l’eau couler librement, parce que nos gens ont besoin d’eau pour survivre. » L’horrible créature verte les a regardés en baissant la tête pour les voir et a répondu, « PAS D’EAU! »
Alors, les jeunes coureurs ont décidé de grimper les roches et attaquer l’horrible créature verte pour pouvoir enlever les roches eux-mêmes. Mais ils n’avaient même pas avancé un quart de la distance quand l’horrible créature verte a étendu ses longs bras minces et leur a donné un coup qui les a fait tomber jusqu’au sol. Les deux hommes se sont relevés avec des bleus partout au corps. Ensemble, ils ont décidé de retourner à leur village et raconter aux gens ce qui leur était arrivé.
Ils sont arrivés chez eux au début du soir, et Sakom a rassemblé tout le monde pour recevoir l’avis du Conseil des Anciens. Les Anciens ont dit, « Nous allons tenir une autre cérémonie ce soir. » Alors, c’est ce qu’ils ont fait.
Ils ont dansé et chanté toute la nuit, jusqu’à l’aube. Puis, au lever du soleil, les gens ont vu un grand homme qui marchait vers eux depuis le bord de la forêt. Il avait deux longues tresses et portait un grand bâton. Quand il est arrivé près du cercle, Sakom a crié, « KELUWOSKAP, TU ES VENU NOUS AIDER. » Keluwoskap a répondu, « De loin, j’ai entendu vos chansons tristes, et j’ai su que vous aviez besoin de mon aide. »
Alors, Sakom a expliqué à Keluwoskap ce qui était arrivé aux deux coureurs avec l’horrible créature verte. Keluwoskap a demandé à Sakom de désigner deux des meilleurs conteurs pour l’accompagner, pour qu’ils puissent raconter ce qu’ils verraient. Avec les deux conteurs, Keluwoskap s’est dirigé vers le lieu où s’était établie l’horrible créature verte.
Enfin, ils sont arrivés là où les grosses roches retenaient toute l’eau. L’horrible créature verte était encore perchée en haut des grosses roches, profitant de toute l’eau pour elle seule.
Keluwoskap s’est approché en bas du barrage et a levé les yeux vers le haut. Il a dit à l’horrible créature verte, « S’il te plaît, mets les roches de côté et laisse la rivière couler librement, car les gens ont besoin de l’eau pour survivre. » L’horrible créature verte a répondu, « PAS D’EAU! » Keluwoskap a frappé fort contre la terre avec son bâton, et est devenu plus grand.
Cette fois, Keluwoskap lui a ordonné de le faire. « Mets les roches de côté et laisse la rivière couler librement. » Alors l’horrible créature verte a pris sa tasse en écorce de bouleau et l’a traînée tout au bas de la rivière, pour la remplir d’eau toute pleine de boue. « VOICI TOUT CE QUE VOUS AUREZ, » dit-il. Alors, Keluwoskap a frappé fort contre la terre avec son bâton une deuxième fois, et a grandi jusqu’à atteindre la taille des bouleaux.
Keluwoskap a étendu son bras et a attrapé l’horrible créature verte dans une main, et a commencé à la serrer et la serrer jusqu’à ce qu’elle commence à devenir de plus en plus petite. Les pieds de l’horrible créature verte sont devenus longs et plats, son dos s’est courbé comme un arc, et ses yeux sont devenus grands comme si elle avait peur qu’ils allaient sortir de sa tête.
Puis Keluwoskap a chuchoté dans sa main et a dit à l’horrible créature verte, qui était maintenant une petite horrible créature verte, « À partir de maintenant, tu auras toujours besoin d’eau pour survivre et tu auras toujours peur des gens. » Keluwoskap a jeté la petite créature verte à terre. Tout ce qu’elle pouvait dire était « CROA-CROA, » et elle s’en est allée à petits bonds vers la forêt.
Ensuite, Keluwoskap a fait tomber un immense arbre contre le barrage, faisant revoler toutes les grosses roches à travers le paysage. L’arbre était si grand qu’il a formé une grosse tranchée dans la terre. Alors l’eau a suivi la tranchée tout au long de son chemin jusqu’à l’océan, et est devenue la belle et abondante rivière que nous appelons Wolastoq (le fleuve Saint-Jean). Les branches de l’arbre sont devenues les rivières, les ruisseaux et les mares environnantes, et les immenses feuilles ont créé des lacs, des marais et des marécages.
Keluwoskap et les deux conteurs sont retournés au village et ont raconté ce qui s’était passé au peuple. Lorsque l’eau a atteint le village, beaucoup de gens ont sauté dans la rivière. Ils aimaient tellement l’eau qu’ils ont demandé à Keluwoskap de les transformer en poissons, et ils sont devenus des saumons, des truites, des esturgeons et des anguilles.
Ce soir-là, ils ont tenu une cérémonie pour honorer Keluwoskap pour son action prodigieuse. Plus tard cette nuit-là, Keluwoskap est retourné à son wigwam, mais a dit aux peuple : « Si vous avez encore besoin de mon aide, tenez une cérémonie et je viendrais. » Les roches éparpillées se trouvent à Menahqesk (aujourd’hui Saint Jean). La base et les racines de l’arbre s’étendent jusqu’à des régions de ce que nous appelons maintenant le Maine et le Québec.
- Cette histoire provient de la tradition Wolastoqey. Racontez l’histoire aux élèves et demandez leur ce qu’ils pensent que l’horrible créature verte est devenue. Quel est le rôle des grenouilles dans les cours d’eau maintenant? Qu’est qu’il y a d’autre qui existe maintenant dans les rivières qui n’était pas là auparavant? Pourquoi est-ce que Keluwoskap aide le peuple? Qu’est-ce qui le fera revenir? Comment est-ce que cette histoire montre que les gens sont liés à l’eau? Est-ce que cette histoire contient les éléments d’un traité, comme la responsabilité ou le respect?
- Créez des illustrations pour cette histoire. Imprimez le récit et numérotez chaque paragraphe. Divisez la classe en dyades. Donnez un paragraphe à chaque dyade et demandez aux élèves de rechercher une image (préférablement une photo) qui représenterait leur paragraphe. S’il y a des noms de lieux dans leur paragraphe, trouvez une photo qui montre l’endroit ainsi que l’élément environnemental. (Par exemple, une photo des rochers à Grand-Sault/Grand Falls devrait montrer à la fois les rochers et l’eau.) Demandez aux élèves de placer et coller leur texte et leurs photos sur une seule grande feuille de papier. Une fois que cela est fait, fabriquez un folioscope de l’histoire. Si possible, faites lire ce livre par les élèves à des élèves plus jeunes dans d’autres classes.
- Regardez ou lisez quelques autres histoires à propos de la signification de l’eau, comme l’histoire Mi’kmaw Keluwoskap crée le Mont Sugarloaf. Voici des liens vers deux histoires, une Mi’kmaw et l’autre Wolastoqey. https://www1.gnb.ca/0007/Culture/Heritage/VMC/sugarloaf.asp (en anglais) ou http://website.nbm-mnb.ca/Koluskap/Francais/Contes/story5.php. Est-ce que l’eau était partagée? Essayez maintenant d’écrire votre propre histoire à propos de l’importance de l’eau.
- Évaluation: Comment utilisons-nous l’eau aujourd’hui? Est-ce qu’on la protège?