Apprentissage de l’élève
Je vais :
- Identifier les groupes des Premières Nations qui composent la Confédération Wabanaki et où ils se situent (Activité 1)
- Reconnaître l’existence de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (Activité 3)
- Comprendre qu’avant l’arrivée des Européens, des alliances se formaient qui incluaient des ententes touchant le commerce, les droits de passage, la paix et l’amitié, et autres devoirs et responsabilités (Activité 3)
- Tenir un débat concernant une question qui affecte la Confédération Wabanaki (Activité 3)
- Utiliser une carte pour identifier les communautés Mi’kmaq et Wolastoqewiyik au Nouveau-Brunswick et leur proximité aux étendues d’eau (Activité 1)
- Comprendre comment des groupes similaires se sont unis afin de réaliser leur propre conception de gouvernance autonome et comment ils existent aujourd’hui (Activité 3)
- Identifier les noms autochtones de repères topographiques, d’étendues d’eau, et de portages, et comment les noms ont changé au cours du temps (Activité 2)
- Poser des questions perspicaces et énoncer des opinions afin de contribuer à de nouvelles façons de penser (Activité 1, 2, et 3)
…nous avions immanquablement du feu, et notre manière de conserver ce feu surtout dans l’hiver, était de donner le soin aux femmes de notre chef de guerre de l’entretenir tour à tour sous la cendre par le moyen de troncs de sapin à moitié pourris, couverts de cendre; quelquefois ce feu allait jusqu’à trois lunes. Ce feu qui avait duré jusqu’à trois lunes révolues, nous devenait un feu sacré et mystérieux. Celle d’entre les femmes de notre chef qui en était gardienne précisément dans ce terme des dernières nuits de la troisième lune mourante, et qui nous le faisait voir vivant, en recevait de nous mille compliments et mille éloges. Nous nous assemblions alors tous, et pour que personne d’autant de familles que nous nous trouvions alors dans l’endroit, où dès la fin de l’automne précédent nous avions fixé le lieu de notre hivernement, ne manquât à s’y trouver, nous envoyons nos jeunes gens chercher tous ceux des nôtres qui nous savions qui nous manquaient…
Arguimaut à l’abbé Maillard, Île-du-Prince-Édouard, v. 1740
Avant l’arrivée des Européens, les peuples autochtones connaissaient de première main où et quand chaque type de plante ou d’animal pouvait se trouver et quelle était la meilleure façon de les récolter pour l’utilisation. Bon nombre de personnes autochtones possèdent encore ces connaissances. Au cours de multiples générations, ils ont utilisé les mêmes lieux pour leurs campements, ont construit des villages, des lieux de rassemblement, des routes de canot et des portages, des sentiers et des cimetières. Ils ont identifié des repères spéciaux et croyaient que certains éléments géographiques inhabituels étaient dotés de pouvoirs spirituels. Tout cela leur prodiguait un sentiment profond de spiritualité et d’appartenance. Pour eux, les lieux où ils voyageaient ne représentaient pas des terres qu’ils possédaient eux-mêmes; c’était leur territoire parce qu’ils l’occupaient, l’entretenaient et géraient ses ressources. Les hommes formaient et forment encore une partie intégrante du territoire.
Au cours du temps, voyageant constamment à travers le territoire, les populations ont développé un sentiment d’appartenance collectif. Pour se protéger des autres et pour maintenir l’environnement, ils se sont joints pour former des groupes plus étendus et des alliances. Une de celles-ci était la Confédération Wabanaki. Bien qu’elles faisaient partie de la Confédération Wabanaki, les nations Mi’kmaq, Wolastoqewiyik et Pescomody possédaient chacune un territoire distinct et des langues et des modes de vie uniques et différents de ceux de leurs voisins. Il était très difficile pour eux d’être déracinés lorsque les Européens sont arrivés et désiraient souvent le même territoire que le leur.
Au début, ils n’ont pas exclu les colons européens. Cependant, il ne leur venait pas à l’esprit de leur vendre ou leur donner des parcelles de terrain. C’est seulement lorsque des nombres importants de colonisateurs sont arrivés et que les gouvernements coloniaux se sont mis à asseoir leur autorité que les peuples autochtones se sont rendu compte qu’ils étaient en train de perdre la terre elle-même, et avec elle tout ce qu’elle leur donnait pour qu’ils puissent vivre. Ils la perdaient en permanence. Alors, ils sont allés trouver leurs chefs. Chaque nation se gouvernait de sa propre manière.
Le Santé Mawio’mi
Traditionnellement, dans la Première Nation Mi’kmaq, dont les communautés s’étendent à cinq provinces – Terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Québec et Nouveau-Brunswick – il y avait sept districts (Saqamawuti), eux-mêmes divisés en clans (wikmaq). Tous ces districts forment le Grand Conseil (le Santé Mawió’mi), composé de trois personnes : Kji-Saqamaw (Grand Chef), le chef d’état cérémoniel, le Kji-Keptin (grand capitaine), l’administrateur du conseil, et le Putus (gardien de la sagesse pour la constitution et la personne qui garde les traités en mémoire). Le Santé Mawió’mi détient l’autorité suprême. Aujourd’hui, le Santé Mawió’mi est toujours en fonction, parallèlement aux chefs et conseils tels que définis par la Loi sur les Indiens, et le Keptin peut se faire inviter à une communauté de dirigeants tels que le chef et le conseil actuels. Par exemple, le grand conseil de Santé Mawió’mi s’est joint aux Mi’kmaq lors de la crise de la pêche à Esgenoôpetitj (Skno’pitijk) en 2012 et les guerres du saumon à Listiguj, Québec, sur l’autre rive de la rivière à Campbellton, N.-B. Le 1er octobre de chaque année, le Keptin du grand conseil livre un discours à l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse pour le Jour anniversaire du traité. Le Santé Mawió’mi est affilié de près à l’Église Catholique, et organise chaque année plusieurs rassemblements à l’île Chapel, Cap-Breton, y compris le Pèlerinage de Sainte-Anne.
La Confédération Wabanaki
La Confédération Wabanaki (Peuple de l’Aube) est une ancienne alliance de nations autochtones du littoral est de l’Île-de-la-Tortue. Elle se compose des Mi’kmaq, Penuwapskewiyik (peuple Penobscot), Peskotomuhkatiyik (Pescomody), Wolastoqewiyik (Malécite) et Aponahkewiyik (Abénaquis). Le territoire de cette confédération recouvre des parties des États-Unis et du Canada et comprend les états et provinces modernes du Maine, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, et des parties du Québec, de Terre-Neuve, du New Hampshire, du Vermont, et du Massachusetts.
Historiquement, la confédération était l’union de cinq peuples de l’Amérique du Nord. Tous cinq de ces peuples parlaient une langue algonquienne. Étant alliés, les Waponahkiyik (peuples Wabanaki) se rassemblaient périodiquement pour échanger des informations importantes, écouter les préoccupations des autres, et résoudre efficacement des problèmes nuisant à leur bien-être collectif. Particulièrement vitales étaient les questions de guerre, de trêve, et de paix. Lorsqu’un des groupes membres se voyait menacé ou attaqué par des ennemis extérieurs, il pouvait faire appel aux autres pour du renfort. Les guerriers d’une autre nation recevaient des cadeaux en récompense. Par exemple, lorsque les Mi’kmaq sont venus à l’aide de leurs alliés abénaquis à la rivière Androscoggin, on ne leur a pas seulement offert un festin, mais aussi des fourrures de grande valeur.
La confédération a joué un rôle clé en soutenant les rebelles coloniaux de la Révolution américaine au traité de Watertown, signé en 1776 par deux des nations de la confédération, les Mi’kmaq et les Wolastoqewiyik. Bien que les membres Mi’kmaw qui ont signé n’étaient pas des chefs, les Wolastoqewiyik l’étaient. Les Pescomody n’ont pas signé. Une des conditions de ce traité était que les deux groupes aideraient George Washington lors de combats futurs. Aujourd’hui, des soldats Waponahkiyik du Canada ont encore le droit de se joindre aux forces armées des États-Unis. Certains l’ont fait lors de conflits du 21e siècle où se sont impliqués les États-Unis, y compris les guerres en Afghanistan et en Iraq.
Les membres de la confédération approuvaient l’élection des chefs pour la vie de chaque tribu, mais ils n’ont pas établi de siège permanent du gouvernement. Lorsqu’une réunion s’avérait nécessaire, ils choisissaient un village en particulier pour leur feu du conseil; là, les chefs ou leurs ambassadeurs discutaient des défis auxquels ils faisaient face et essayaient d’arriver ensemble à des décisions unanimes. Ce n’était pas toujours possible. Ils utilisaient des ceintures wampum pour communiquer les décisions prises. Une des ceintures les plus importantes représentait la Confédération Wabanaki elle-même, montrant l’union politique des quatre tribus alliées. Elle montrait quatre triangles blancs sur un fond bleu.
Étant devenus « parents » en tant que nations alliées, les chefs ou leurs ambassadeurs s’appelaient « frères ». Mis à part quelques différences de rang liées à l’âge des frères, ceci représentait l’égalité de leur statut. Ils utilisaient aussi le terme « père », qu’ils tenaient pour une métaphore appropriée pour quelqu’un qui veillait et protégeait son peuple. Les négociateurs français (et anglais) ne comprenaient pas du tout cela, et ont cru qu’il indiquait vraiment un pouvoir autoritaire plutôt que de l’idée d’un père. Cette incompréhension a mené à de sérieux malentendus lors de la négociation des traités.
Drapeau de la Confédération des Wabanaki
Selon l’aînée autochtone Jane Meader, Ce drapeau arbore un ancien motif connu sous le nom du « Rassemblement des nations ». Il dépeint une longue maison, où se réunissait le conseil en grande cérémonie pour discuter et se consulter au sujet de la gouvernance des nations.
Le poteau central représente le noyau fondamental de notre identité en tant que peuple autochtone – notre spiritualité et notre Créateur. C’est là le centre et l’essence de tout ce que nous sommes. C’est là l’origine de toute vie et c’est là qu’elle continue d’exister.
Les deux Xs de chaque côté du poteau central, le Créateur, représentent les feux sacrés de notre peuple, qui sont allumés dans la longue maison. Un de ces feux représente la force vitale masculine et l’autre la force vitale féminine qui brûlent au cœur de nous tous et nous rappellent d’honorer l’harmonie et la stabilité en nous et en notre gouvernement.
Les quatre courbes représentent les quatre vents de la terre (les quatre points cardinaux), qui portent les messages du Créateur, de Mère-Terre, de Grand-mère Eau, et du monde des esprits.
La double courbe allongée et son reflet (à la gauche du drapeau) sont là pour nous rappeler l’idée de dualité qui se retrouve dans un grand nombre de nos enseignements. Un des plus importants de ceux-ci porte sur le fait que nous sommes des êtres à la fois spirituels et physiques et que ce qui a lieu ici dans le monde physique est reflété dans le monde des esprits.
Les couleurs du drapeau ont aussi leur signification. Le drapeau arbore un motif blanc sur fond ocre. Le blanc représente la pureté spirituelle qui nous entoure et qui se retrouve au fond de chacun de nous, tandis que l’ocre représente la terre où sont nées ces nations et le sang de nos ancêtres qui coule dans nos corps et fait partie du sol qui nous entoure. Encore une fois, cela renforce les enseignements liés à la dualité.
Le rassemblement de la Confédération Wabanaki a été rétabli en 1993. La première conférence de la Confédération reconstituée dans les temps modernes a été conçue et proposée par Claude Aubin et Beaver Paul et accueillie par la communauté Mi’kmaq de Listuguj (Listukuj), sous la direction de la chef Brenda Gideon Miller. Le feu sacré du conseil a été rallumé, et des braises de ce feu continuent à brûler depuis ce temps.
En 2015, la Confédération Wabanaki a émis la Déclaration des grands-mères de 2015 qui suit. La Déclaration mentionnait, entre autres éléments :
- La revitalisation et le maintien des langues autochtones
- La promotion de l’article 25 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones concernant le territoire, la nourriture et l’eau :
Les peuples autochtones ont le droit de conserver et de renforcer leurs liens spirituels particuliers avec les terres, territoires, eaux et zones maritimes côtières et autres ressources qu’ils possèdent ou occupent et utilisent traditionnellement, et d’assumer leurs responsabilités en la matière à l’égard de générations futures. - La détermination d’« établir des cartes décolonisées » (des cartes portant les noms originaux)
- L’obligation des gouvernements d’« obtenir le consentement préalable, libre et éclairé » avant de « nouvelles violations » des droits autochtones
- La détermination de « s’employer à unir les peuples autochtones de côte à côte »
- Protéger la nourriture, « les graines, les eaux et les sols, de la contamination chimique et génétique »
Il n’est pas nécessaire de repasser tout cela dans le détail avec la classe. Les faits vous sont fournis à titre d’information. Cependant, dans l’Activité 3, les élèves élaboreront une charte pour la Confédération Wabanaki et discuteront de certains de ces enjeux.