Apprentissage de l’élève
Je vais :
- Comprendre les premiers contacts entre les peuples autochtones et les Européens (Activités 2 et 3)
- Comprendre les changements dans le mode de vie des Waponahkiyik (peuples Wabanaki) avant et après l’arrivée des Européens (Activités 1 et 2)
- Appliquer la méthode des enquêtes pour soulever des questions et mener des enquêtes concernant des enjeux (Activité 1)
- Identifier la présence d’un manque de traitement équitable (Activité 2)
- Découvrir quelques-unes des contributions apportées par les peuples autochtones aux savoirs européens, y compris les ressources naturelles, les médicaments, et les plantes et la nourriture (Activité 3)
- Apprendre comment la chasse et le trappage affectent les origines économiques et sociales des Waponahkiyik (Activité 1)
- Rassembler des informations et des perspectives pertinentes pour façonner des réflexions, des actions ou des croyances (Activités 1, 2, et 3)
- M’adapter à différents rôles en travaillant avec d’autres (Activité 2)
Le castor est de la grosseur d’un chien barbet : son poil … est toujours fort doux, et propre à faire des chapeaux : c’est le grand commerce de la Nouvelle France. Les Gaspésiens disent que le castor est le bien-aimé des Français et des autres Européens qui les recherchent avec avidité; et je n’ai pu m’empêcher de rire, entendant un Sauvage qui me disait en se gaussant : Tahoé messet kogoüar pajo ne daoüi dohoüil mkobit. En vérité, mon frère, le castor fait parfaitement bien toutes choses; il nous fait des chaudières, des haches, des épées, des couteaux; et nous donne à boire et à manger, sans avoir la peine de labourer la terre.
Christian LeClercq, 1680
Cette leçon porte sur les premiers contacts avec les Européens et leurs effets catastrophiques sur le mode de vie autochtone. Nous avons vu qu’avant l’arrivée des Européens, l’économie des Waponahkiyik (peuples Wabanaki) (Mi’kmaq, Wolastoqewiyik, et Pescomody) était basée sur les ressources. Ce dont ils avaient besoin provenait de la nature – les pierres pour les outils, le bois pour les feux et les wigwams, les fourrures et les peaux d’animaux pour les vêtements, et les animaux et les plantes pour la nourriture. Bien qu’il n’existe aucune trace écrite, les récits de leur tradition orale soulignent qu’il leur était important de rester en équilibre avec le monde naturel – ils reconnaissaient le besoin de préserver et de prendre soin de leurs ressources. De cette façon, les peuples autochtones étaient d’excellents environnementalistes, vivant en harmonie avec la nature. Ils ont enseigné aux Européens des techniques de survie, parce que les nouveaux venus s’adaptaient difficilement à ces conditions rigoureuses.
Les premières rencontres commerciales entre les Européens et les peuples autochtones ont changé tout cela, surtout étant donné que ces rencontres étaient souvent sujettes à des malentendus culturels. La tradition Waponahkiyik privilégiait des échanges mutuellement bénéfiques, tandis que les Européens étaient généralement motivés par le désir de réaliser un profit, soit pour eux-mêmes, soit pour leurs employeurs en Angleterre ou en France. Les échanges autochtones étaient souvent précédés par des échanges cérémoniels de cadeaux, mais les Européens ne comprenaient pas cela : croyant que les peuples autochtones leur proposaient des marchandises, alors qu’en fait ils leur offraient des cadeaux, les Européens les refusaient, offensant les peuples autochtones et perdant donc des occasions commerciales.
Vers la fin des années 1600, il y a eu un changement majeur dans la nature et la qualité des relations commerciales entre les Européens et les peuples autochtones, lorsqu’une mode pour les chapeaux de feutre en peau de castor s’empara de toute l’Europe. La population européenne de castors a bientôt été détruite, et on s’est tourné à l’ouest, vers le Nouveau-Monde, pour trouver de nouvelles peaux de castor. Les intermédiaires autochtones ont bientôt été remplacés par des commerçants européens. Ce marché en pleine croissance a fait que le commerce côtier s’est fait remplacer par une série de villages et de comptoirs d’échange permanents. L’établissement de colonies françaises et ensuite anglaises dans la région a bouleversé les cycles de vie autochtone. Se détournant de leur économie à base de ressources, les chasseurs et trappeurs autochtones se tournaient de plus en plus fréquemment vers la collecte de fourrures en échange de biens européens.
La croissance explosive de la traite des fourrures a été une catastrophe pour les Waponahkiyik. Elle a semé des maladies qui ont éliminé un grand pourcentage de la population autochtone. Les animaux à fourrure comme les castors sont devenus très rares. La concurrence entre les groupes autochtones pour le commerce européen a mené à des rivalités, qui devenaient souvent mortelles à cause de l’introduction des armes à feu européennes. Des groupes Wabanaki se mettaient à piller les villages voisins. Des commerçants européens dénués de scrupules incluaient souvent de l’alcool parmi leurs produits.
Consacrant de plus en plus de leur temps à la chasse aux fourrures pour le commerce, les Waponahkiyik se sont rendus dépendants des produits et des aliments européens, et devenaient donc des maillons des chaînes économiques coloniales européennes.
Bien que se trouvant dans une époque dépaysante de changements culturels rapides, les Waponahkiyik ont démontré leur résilience en s’adaptant et en survivant. Le commerce a tout de même fourni un pont (bien qu’il soit inégal) entre les peuples autochtones et les Européens, au sein du chevauchement des économies françaises, anglaises, et autochtones. Les peuples autochtones incorporaient les biens matériels européens à leur vie et ont développé de nouvelles technologies, tout en préservant des liens solides avec leur mode de vie traditionnel.