Apprentissage de l’élève
Je vais :
- Savoir que les nouveaux arrivants dépendaient de bonnes relations avec les peuples autochtones (Activités 1, 2 et 3)
- Comprendre que la Couronne avait l’intention de peupler les terres Waponahkik (le territoire Wabanaki) dans les Maritimes avec des colonisateurs européens, mais ne l’a pas dit aux Saqamaq ou Kci-skicinuwok (les chefs ou dirigeants autochtones) aux conférences sur les traités (activités 1, 2 et 3)
- Évaluer les effets réciproques des systèmes sociaux, politiques, culturels, et économiques. Expliquer les raisons pour les guerres, la diplomatie, et les traités entre les peuples autochtones et l’Empire britannique au cours du 18e siècle (Activités 1, 2 et 3)
- Comprendre que des traités ont été signés, et des promesses ont été faites (Activités 2 et 3)
- Apprécier que les traités étaient des alliances entre nations (Activités 1, 2 et 3)
- Démontrer que l’élaboration de traités comprenait des rituels, des cérémonies, des engagements, et des célébrations (Activités 2 et 3)
- Me servir d’un collage pour illustrer l’idée de relations entre des peuples différents (Activité 3)
- Créer une ligne du temps qui démontre la Chaîne d’alliance des traités (Activité 1)
- Utiliser un jeu de rôle pour imaginer les expériences vécues par d’autres personnes venant d’autres cultures (Activité 2)
Messire : Après que l’écriture, que vous me donnâtes à montrer à mon peuple, ait été lue, ils décidèrent de se rendre à Halifax. Nous nous préparons donc et nous mettrons en route dans deux jours. Nous envoyons Francus Arseneau pour recevoir de vous la lettre que vous nous avez promise, qui devrait être votre assurance que le Gouvernement nous octroiera un domaine pour la chasse et la pêche, que ni fort ni forteresse n’y seront bâtis, que nous serons libres d’y aller et venir selon notre vouloir. Qui plus est, vous savez ce que nous vous avons dit, nous avons dit la même chose en Conseil; et il nous serait vexant d’entreprendre ce voyage si vous ne nous fournissez quelque raison d’espérer.
Nous attendons cette lettre, qu’il vous faut ne point sceller. À notre retour, nous vous verrons.
Alkmou (L’kimu), Chef, Gasparau, 19 janvier 1755
Les peuples autochtones et les Européens ont tenté de régulariser et de réglementer leurs relations les uns envers les autres en utilisant des moyens écrits – des titres et des traités. Les colonisateurs anglais étaient enthousiastes à l’idée d’acquérir des terres de la part des Waponahkiyik. Cependant, bien qu’ils se reportaient au même document, les Waponahkiyik et les Européens considéraient ces transactions foncières de façons différentes. Pour les Waponahkiyik, la terre était une chose vivante, partagée avec les espèces qui y vivaient, et à préserver pour les générations futures. Les Anglais, pour leur part, considéraient la terre comme quelque chose à vendre et acheter, comme n’importe quelle autre commodité. En conséquence, du point de vue autochtone, aucun des traités n’incluait de transfert des terres.
Il n’est donc pas étonnant que des deux côtés, on se soit senti lésé par ces transactions.
La Chaîne d’alliance des traités
La Chaîne d’alliance des traités est une collection de traités interconnectés, au moyen desquels la Couronne britannique et les Premières Nations Waponahkiyik ont créé une chaîne d’engagements liés entre eux. D’autres traités et alliances ont été signés avant, en même temps, et après ceux énumérés ici. Nous avons choisi ceux-ci, car ils ont occupé une place prépondérante dans des cas récents sur lesquels la Cour suprême du Canada a rendu des décisions. Vous trouverez des informations supplémentaires sur le site web de l’Atlantic Policy Congress, http://www.apcfnc.ca/about-apc/treaties/ (en anglais seulement).
1725/1726/1728 Le gouverneur Dummer a négocié deux traités semblables à Boston en 1725. Le premier de ces traités a été signé par quatre représentants Penobscot, mais d’autres groupes étaient présents, y compris les Mi’kmaq, les Wolastoqewiyik, et les Pescomody qui ont assisté à la ratification. Le premier de ces traités, connu sous le nom de Traité du gouverneur Dummer, a été ratifié une nouvelle fois par les Waponahkiyik, dans ce qui est maintenant le Maine. Le deuxième traité est connu sous le nom de Traité de Mascarene, car Paul Mascarene avait été délégué pour négocier un traité séparé pour la Nouvelle-Écosse. Ce traité, entre les Britanniques, Mi’kmaq, Wolastoqewiyik (Malécites) et Pescomody, a ensuite été ratifié par la plupart des villages Mi’kmaw, Wolastoqey (Malécite) et Pescomody à Annapolis Royal en 1726 et de nouveau en 1728. Celui-ci a été le premier de ce qu’on appelle maintenant les Traités de paix et d’amitié avec la Couronne britannique dans les provinces maritimes. Ce qui est important, c’est que ce traité, le Traité de Mascarene, comprenait deux parties, l’une contenant les promesses Mi’kmaw, Pescomody et Wolastoqey, et l’autre contenant les promesses anglaises, y compris la promesse la plus importante : celle de respecter les terrains de chasse, de pêche, et de culture.
1749 La Commission royale d’enquête sur les droits juridiques des nations autochtones en Amérique du Nord affirme que : « Les Indiens, bien qu’ils vivent dans ces pays parmi les sujets du Roi, forment un peuple séparé et distinct de ces derniers, ils sont traités comme tels, ils ont leur propre politique, et ils font la paix et la guerre avec n’importe laquelle des nations d’Indiens lorsqu’il le leur semble opportun, sans que les Anglais n’exercent de contrôle. »
1749 Un traité est signé à Chebucto (Halifax) et ratifié sur la rivière Saint-Jean, renouvelant le traité de 1725. Le gouverneur Edward Cornwallis, qui espérait prendre le contrôle de terres à l’ouest de la rivière Missaguash (frontière du Nouveau-Brunswick), a invité les deux nations autochtones à signer un nouveau traité et à reconfirmer ainsi leur loyauté à la Couronne. Cependant, la plupart des chefs Mi’kmaw ont refusé d’assister aux pourparlers de paix de 1749 en signe de protestation contre la fondation de Halifax par le gouverneur cette même année. Une présence militaire britannique accrue et l’implantation toujours plus importante de colonisateurs britanniques menaçaient les villages, les territoires, et les terrains traditionnels de pêche et de chasse Mi’kmaw. Seuls les Mi’kmaq de Chignecto se sont joints aux Wolastoqewiyik pour signer le traité. En poursuivant sa campagne pour Chignecto, le gouverneur Cornwallis a puni les Mi’kmaq qui n’avaient pas assisté à la conférence en offrant une récompense de 10 guinées (pièces d’or) pour les scalps d’hommes, de femmes et d’enfants Mi’kmaw. La Chambre de commerce de Londres a exprimé son désaccord avec cette politique d’ « extermination ».
La statue d’Edward Cornwallis déboulonnée à Halifax
1752 Le Traité de 1752 a été signé par Jean Baptiste Cope, décrit comme étant le Grand Sachem des Mi’kmaq qui habitaient la partie est de la Nouvelle-Écosse, et le gouverneur Hopson de la Nouvelle-Écosse. Le traité faisait la paix et promettait des droits de chasse, de pêche, et de commerce. Il mettait fin aux escarmouches de 1749-52. « Il est entendu que les Indiens ne seront pas empêchés de chasser et de pêcher, mais en auront entière liberté comme d’habitude. » On y traitait aussi d’affaires de justice : en cas de dispute entre peuples autochtones et les Britanniques, le système de droit civil britannique prévaudrait, et les personnes autochtones seraient traitées tout comme les Britanniques. Les Mi’kmaw ont souvent indiqué qu’ils n’étaient pas d’accord avec cette provision.
1760-61 Des Traités de paix et d’amitié ont été conclus par le gouverneur de la Nouvelle-Écosse avec les Mi’kmaq, Wolastoqewiyik (Malécites) et Pescomody. Il s’agit des mêmes traités qui ont été confirmés et interprétés par la Cour suprême dans le cas de Donald Marshall fils. Ils incluent le droit aux bénéficiaires des traités de récolter les poissons, la faune, et les fruits et baies sauvages pour subvenir à une subsistance convenable. Bien que les groupes concernés aient promis de ne pas harceler les Britanniques dans leurs installations, ces groupes autochtones n’ont pas cédé ou renoncé à leurs terres ou à d’autres droits.
1760 Un nouveau traité a été signé à Halifax par Mitchell Neptune (Pescomody) et Ballomy Gloade (Wolastoqewiyik – Malécite). Il ne comportait aucun abandon de terrain et nulle terre n’a été cédée aux Britanniques. Ce traité se centrait sur le renouveau des anciens traités de 1726 et 1749 et leur intégration dans un nouveau Traité de paix et d’amitié. Le nouveau traité mettait l’accent sur l’échange de fourrures pour des denrées européennes, et a été suivi d’une entente sur le commerce. Plus tard la même année, ce traité a été signé par des délégués de Richibucto, la Hève, Schubenacadie, Pictou, Malagomich, Cap-Breton, Shediac, Miramichi, et Pokemouche.
1762 Amorcée par des Directives royales en 1761, la Proclamation de Belcher décrivait l’intention des Britanniques de protéger le juste droit des Mi’kmaq à leurs terres, « réservant aux Indiens des terres comprenant les zones côtières du détroit de Canso à la baie des Chaleurs, à l’intention particulière de la chasse, la chasse au gibier à plumes, et la pêche. »
1763 La Proclamation royale de 1763 est un document complexe qui réservait de grandes étendues de terres en Amérique du Nord comme terrains de chasse pour les peuples autochtones et qui établissait une procédure pour la cession et l’achat de terres autochtones. On considère encore la Proclamation comme un document fondamental pour les relations entre Premières Nations et la Couronne. On s’y penchera plus en détail en 5e année. (La traduction de la Proclamation se trouve à la fin de la leçon.)
1776 Le traité de 1776, signé à Watertown, Maine (États-Unis), établissait des relations avec le nouveau pays des États-Unis, en opposition avec les Britanniques. Les Américains promettaient que leurs relations avec les Mi’kmaq ressembleraient plutôt à celles entretenues par les Français qu’à la manière des Britanniques.
Bien qu’il n’existe aucune preuve que des Autochtones du Canada l’aient signé, c’est en vertu de ce traité que les Autochtones des Maritimes peuvent encore s’engager dans l’armée américaine.
1778-1779 Après le début de la Révolution américaine en 1775, le dernier traité entre les Mi’kmaq et Wolastoqewiyik et les Britanniques a été signé au cours de deux années. En 1778, le traité incluait des délégués Wolastoqey de la région de la rivière Saint-Jean et des représentants Mi’kmaw de Richibucto, Miramichi et Chignecto. En 1779, l’entente de paix a inclu des Mi’kmaq de Cape Tormentine jusqu’à la baie des Chaleurs. Ils ont promis de ne pas aider les Américains dans leur révolution et de continuer de « chasser et pêcher paisiblement et tranquillement ». La menace militaire Mi’kmaw a été grandement diminuée par ce traité.
Pour les peuples autochtones, l’élaboration de traités se mettait en œuvre d’après le principe de la famille étendue. Les traités reflétaient trois choses : 1) l’interconnexion, 2) l’entente intergénérationnelle, et 3) l’interdépendance. Un traité est donc vu comme un serment sacré ou Pacte. Conclure un traité fait partie de l’ordre sacré des choses, et à chaque fois qu’un traité est conclu, il ajoute à cet ordre. À mesure que chaque traité s’élabore sur la base des précédents, il renforce la famille étendue et les expériences de vie intergénérationnelles et les assure pour l’avenir. Comme le dit Fred Metallic, de Listuguj, « Nous sommes tous frères et sœurs au sein de la Création. Les traités sont des engagements envers cet ordre et nous guident dans nos relations. » (Battiste, Living Treaties 2016, p.46) Les Britanniques ne partageaient pas du tout ce point de vue sur la nature intergénérationnelle des traités.