Matériel nécessaire : projecteur, tableau blanc, appli téléchargée pour le Mi’kmaw ou le Wolastoqey Latuwewakon, bâton d’orateur
Les Waponahkiyik croient que les animaux de cette terre sont les descendants d’animaux-ancêtres du ciel, et que leur apparence et leur comportement sur la terre reflètent l’apparence et les habitudes de leurs ancêtres au ciel. Dans l’histoire pour cette activité, l’ourse a la capacité de mourir et de revenir à la vie, ce qui démontre ses pouvoirs spéciaux. C’est pour cela que les ours sont considérés comme étant des animaux sacrés.
Muin/Ourse/Muwin et Les Sept Chasseurs
Les Mi’kmaq nomment les quatre étoiles de la Grande Ourse (Ursa Major) Muin/Ourse/Muwin. Ces quatre étoiles semblaient agir dans le ciel comme les ours agissaient sur terre. Les trois étoiles qui forment la queue de l’ourse sont trois des chasseurs qui poursuivent l’ourse à travers le ciel boréal pendant les chauds mois d’été. Ce sont Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs (qui a une couleur rougeâtre), Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis (parce qu’elle est de petite taille, comme une mésange) et Mikjaka’kwej/Oiseau orignal (mésangeai du Canada)/Mamkuniyahsis. Dans la constellation voisine, que les astronomes appellent le Bouvier, on trouve les quatre autres chasseurs : Ples/Tourte voyageuse/Poles, Tities/Geai bleu/Tihtiyas (parce que c’est une étoile bleue), Ku’ku’kwes/Chouette rayée/Tihtokol et Gopgej/Petite nyctale/Kamkamoss. Comme on ne peut plus les voir à la fin de l’été lorsqu’elles disparaissent au-dessous de l’horizon, ces quatre étoiles perdent la chasse. Au-dessus des chasseurs, on voit la tanière de Muin/Ourse/Muwin : le groupe d’étoiles que les astronomes appellent la Couronne boréale. L’étoile minuscule à côté de Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis est sa marmite, qu’elle transporte avec elle pour faire cuire la viande une fois que les chasseurs auront tué Muin/Ourse/Muwin. L’histoire de Muin/Ourse/Muwin et les sept chasseurs se raconte encore aujourd’hui. On peut la raconter à n’importe quel moment de l’année, car elle se prête à toutes les saisons.
Depuis la nuit des temps, les soirs d’été, d’innombrables générations de Mi’kmaq regardent les quatre étoiles de l’Ourse fuir à travers le ciel boréal, poursuivie par les sept étoiles qu’ils appellent les chasseurs. Quand vient l’hiver, les mêmes quatre étoiles Muin/Ourse/Muwin sont haut dans le ciel. Puis, lorsqu’au printemps la terre se réchauffe à nouveau, les quatre étoiles descendent dans le ciel, et puis tout d’un coup semblent se mettre à fuir à travers le ciel. L’histoire suit le même trajet.
Au printemps, Muin/Ourse/Muwin se réveille après son long sommeil d’hiver, quitte sa tanière et descend les collines à la recherche de nourriture. Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis la voit, mais elle est si petite qu’elle ne peut pas suivre sa trace toute seule, et elle fait donc appel aux six autres chasseurs. Les sept partent ensemble, Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis et sa marmite entre Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs et Mikjaka’kwej/Oiseau orignal/Mamkuniyahsis. Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis est tellement petite qu’elle pourrait être perdue dans l’immensité du ciel si Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs et Mikjaka’kwej/Oiseau orignal/Mamkuniyahsis n’étaient pas là pour veiller sur elle.
Tout l’été, les sept chasseurs poursuivent Muin/Ourse/Muwin à travers le ciel boréal. Mais quand l’automne commence à se faufiler dans les nuits d’été, quatre des chasseurs – Ples/Tourte voyageuse/Poles, Tities/Geai bleu/Tihtiyas, Ku’ku’kwes/Chouette rayée/Tihtokol et Gopgej/Petite nyctale/Kamkamoss trainent derrière les autres. Commençant à se fatiguer, ils perdent la trace, l’un après l’autre. D’abord Ku’ku’kwes/Chouette rayée/Tihtokol et Gopgej/Petite nyctale/Kamkamoss laissent tomber la chasse. Mais il ne faut pas rire de Gopgej/Petite nyctale/Kamkamoss lorsqu’on vous dit qu’elle ne partagera pas la viande, et il ne faut pas se moquer du son rauque de son cri, car elle retrouvera quiconque se moque d’elle, où que se trouve cette personne, et elle viendra dans la nuit portant sa torche d’écorce enflammée et elle brûlera les vêtements qui la recouvrent. C’est ensuite Tities/Geai bleu/Tihtiyas et Ples/Tourte voyageuse/Poles qui s’égarent, et dans les nuits rafraîchies de l’automne, il n’y a que Mikjaka’kwej/Oiseau orignal/Mamkuniyahsis et Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis et Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs encore sur la trace; ce sont les chasseurs qui sont toujours en chasse. Enfin, la longue chasse commence à épuiser Muin/Ourse/Muwin, et Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs la dépasse.
Acculée, Muin/Ourse/Muwin se dresse pour se défendre. Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs l’archer la transperce de sa flèche et elle retombe sur son dos, morte. Affamé par la longue chasse, et toujours maigre en automne, Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs est avide de la graisse de Muin/Ourse/Muwin. Il se jette sur son corps ensanglanté et se retrouve recouvert de sang. Il s’envole vers l’érable le plus proche et se secoue, faisant revoler le sang – sauf celui sur sa poitrine. « Cela, » lui dit Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis, « tu porteras aussi longtemps que ton nom sera Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs. »
Le sang que Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs secoue de son dos éclabousse les arbres partout sur la terre dessous lui. C’est pourquoi chaque année les arbres se revêtissent de rouge, et que l’érable est le plus rouge de tous. Le ciel, vous le savez, est tout à fait le même que la terre, sauf qu’il est par-dessus elle et son aîné.
Après que Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs ait tué Muin/Ourse/Muwin, Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis arrive, et ensemble ils dépècent la viande et la font cuire dans la marmite de Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis. Alors qu’ils commencent à manger, Mikjaka’kwej/Oiseau orignal/Mamkuniyahsis arrive à son tour. Il avait presque perdu la trace, mais quand il l’a retrouvée, il ne s’est pas pressé. Il savait que ça prendrait du temps pour que les autres découpent la viande et la fassent cuire, et ça ne le dérangeait pas du tout d’éviter le travail — même qu’il était tellement heureux d’avoir trainé en route et d’être arrivé juste au moment où la viande était cuite qu’il a carrément cessé de chasser et ne fait que partager le butin des chasseurs. On l’appelle « Celui-qui-arrive-à-la-dernière-minute », Mikjaka’kwej/Oiseau orignal/Mamkuniyahsis.
Étant généreux, Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs et Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis partagent leur viande avec Mikjaka’kwej/Oiseau orignal/Mamkuniyahsis, et ensemble Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs et Mikjaka’kwej/Oiseau orignal/Mamkuniyahsis dansent autour de la marmite tandis que Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis distribue la viande. Ainsi faisaient les Mi’kmaq dans l’ancien temps, quand les familles étaient unies et partageaient leur nourriture.
Tout au long de l’hiver, le squelette de Muin/Ourse/Muwin repose sur son dos dans le ciel. Mais son esprit est entré dans une autre Muin/Ourse/Muwin, couchée sur son dos, dans la tanière, où elle dort le long sommeil d’hiver. Lorsque le printemps touchera le ciel, elle s’éveillera et sortira de sa tanière pour descendre les collines du ciel, et les chasseurs la poursuivront de nouveau. Aux derniers jours d’automne, elle sera tuée, mais d’elle viendra un nouvel esprit qui reposera, invisible, dans la tanière. Ainsi se poursuit la vie, de génération en génération.
D’après le récit recueilli par Stansbury Hager auprès de Mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse et publié dans The Journal of American Folklore 13 :93-103; reproduit dans Robertson, Marion Red Earth: Tales of the Mi’kmaq pp. 29-31. Vous pouvez également écouter une lecture de l’histoire en cliquant sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=Y-Pi3QnCHOo.
Prolongement: Une leçon d’art intitulé The Spirit Bear se trouvent dans les First Nation Art Plans pour la 5e année, Leçon 1, du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau Brunswick. (En anglais seulement.)
Glossaire
MI’KMAW | FRANÇAIS | WOLASTOQEY |
Kopjawej | Merle | Ankuwiposehehs |
Tikati’ti’ji’j | Mésange | Kocockikihlahsis |
Mikjaka’kwej | Oiseau orignal (mésangeai du Canada) | Mamkuniyahsis |
Ples | Tourte voyageuse | Poles |
Ku’ku’kwes | Chouette rayée | Tihtokol |
Tities | Geai bleu | Tihtiyas |
Gopgej | Petite nyctale | Kamkamoss |
Muin | Ourse | Muwin |
Cette histoire et ses variations se racontent dans toutes les communautés autochtones de la patrie Waponahkiyik. Regardez l’animation Il y a des histoires parmi les étoiles.
Visionnez la vidéo suivante pour en découvrir plus sur le village de trente siècles (en anglais seulement).
Une chanson qui se réfère à la même histoire, appelée Chant des étoiles, a été recueillie par Charles G. Leland dans ses Algonquin Legends of New England (Légendes algonquiennes de la Nouvelle Angleterre).
Chant des étoiles
Nous sommes les étoiles qui chantent,
Nous chantons avec notre lumière.
Nous sommes les oiseaux de feu,
Nous volons au-dessus du ciel.
Notre lumière est une voix.
Nous sommes un chemin pour les esprits,
Pour que les esprits le franchissent.
Parmi nous sont trois chasseurs
Qui pourchassent une ourse;
Il n’y a jamais eu un temps
Où ils ne chassaient pas.
Nous regardons du haut les montagnes.
Voilà le chant des étoiles.
- Lisez cette histoire à votre classe et demandez aux élèves d’essayer de visualiser comment les étoiles se déplacent dans le ciel nocturne.
- Une fois la lecture terminée, demandez aux élèves d’identifier des éléments mentionnés dans l’histoire qui reflètent la vision du monde autochtone — le partage de la nourriture, le voyage en commun, toute chose a un esprit, le renouveau, les animaux donnent leur vie pour que d’autres puissent survivre, les chasseurs ne renoncent pas, le ciel et la terre sont reliés, ce qui arrive au ciel se répète sur la terre.
- Demandez aux élèves de noter ces idées et puis de faire un dessin illustrant l’une d’elles.
- Avec l’appli pour la langue Mi’kmaw ou Wolastoqey Latuwewakon, essayez d’enseigner aux élèves le nom des étoiles et d’utiliser ces noms dans l’histoire.
- En cercle, demandez aux élèves de raconter l’histoire à nouveau en leurs propres mots. Vous pourriez peut-être utiliser un bâton d’orateur. Si possible, essayez d’utiliser quelques-uns des noms Mi’kmaw et Wolastoqey pour les oiseaux.
- Dites à la classe de regarder la constellation de la Grande Ourse (Ursa Major) chez eux la nuit, puis de dessiner la position des sept (ou quatre) étoiles à leur retour en classe. Identifiez Muin/Ourse/Muwin, Kopjawej/Merle/Ankuwiposehehs, Tikati’ti’ji’j/Mésange/Kocockikihlahsis, la marmite et Mikjaka’kwej/Oiseau orignal/Mamkuniyahsis.
Évaluation
- Demandez aux élèves de lire à voix haute le livre illustré L’ours et les sept chasseurs de la collection de littérature autochtone du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick. First Nations K-5 Lesson Plans. Ce livre a été distribué dans toutes les écoles élémentaires anglophones de la province. Comment ces histoires sont-elles différentes? Quelle est la version qui démontre la compréhension de l’emplacement des étoiles dans le ciel? Pourquoi pensez-vous ça?
- Distribuez une copie du Chant des étoiles aux élèves. Séparez la classe en deux groupes, et demandez à chaque groupe de lire en chœur une des strophes du poème. Qu’est-ce que le poème veut dire?