Apprentissage de l’élève
Je serai en mesure :
- d’appliquer les principes de la Proclamation royale de 1763 par des jeux de rôles improvisés basés sur des situations contemporaines (Activité 1)
- d’identifier les niveaux de gouvernement responsables de différents événements médiatiques Wabanaki (Activité 2)
Lorsque le prince Arthur a visité la Nouvelle-Écosse en 1869, on l’a emmené à la chasse près de Caledonia. Ses guides Mi’kmaq étaient John Williams, Louis Noel, et le vieux Peter Joe Cope avec John Jadis, qui faisait le garçon de camp. Le prince était accompagné au bois par d’officiers avec leurs épées d’apparat, et une fanfare. « Qui diable va tuer des originaux avec tout ce vacarme? » a dit le vieux Peter Cope. Ils sont restés dans les bois pendant trois semaines et ils n’ont même pas tué un lapin.
Jeremiah Bartlett Alexis (alias Jerry Lonecloud) à Henry Piers, le 1er février 1926. (Musée de la Nouvelle-Écosse, dossier écrit)
Cette leçon soulève des concepts et des idées au sujet des relations entre Wabanaki et gouvernements coloniaux qui peuvent paraître difficiles pour des élèves en 5e année. L’intention ici est de fournir aux enseignants des renseignements les aidant à comprendre les bases de certaines décisions gouvernementales récentes. Les sections sur la Loi sur les Indiens dans le manuel de 5e année (p. 108-112) fournissent des détails complémentaires sur quelques-unes des approches sophistiquées à la prise de décisions qu’utilisaient les Wabanaki bien avant l’arrivée des Européens, en passant par plusieurs paliers de conseils Mi’kmaw, Pescomody et Wolastoqey. Le manuel fournit aussi des plans de leçon sur la prise d’un consensus et le système de gouvernance Wabanaki. Étant donné cette structure élaborée pour la prise de décisions, développée par les peuples Wabanaki tout au long de leur histoire, il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement fédéral a ressenti le besoin d’imposer la structure paternaliste de la Loi sur les Indiens. La Loi sur les Indiens a interdit les formes de gouvernement Wabanaki et a imposé le système de Chef et Conseil de bande.
Cette leçon examine l’impact de deux lois qui ont perdurées longtemps et ce qu’elles impliquent pour les Grands Conseils et les nations Wabanaki.
Beaucoup de Wabanaki voient leurs rapports avec le Canada comme étant une relation de nation à nation. Cette relation suppose certaines obligations :
- La protection de l’environnement, ce qui en termes Wabanaki inclut le respect envers tous les ancêtres qui étaient là avant les vivants et toutes les générations à venir. On appelle ceci « la mémoire du sang », ce qui réfère à « Ceux qui sont venus avant nous et ceux qui ne sont pas encore nés ».
- Vivre en commun dans la compréhension, le respect et la prospérité mutuelle. Par exemple, les reconnaissances du territoire soulignent le fait historique que le Nouveau-Brunswick occupe le territoire traditionnel non cédé et non concédé des Mi’kmaq, Wolastoqewiyik et Peskotomuhkati. Cependant, certains Wabanaki croient qu’une reconnaissance publique du territoire n’indique pas l’existence d’une responsabilité commune de prendre soin de la terre. De même, ces reconnaissances ne décrivent pas comment les terres ont été illégalement transférées à d’autres ni comment les Wabanaki en ont été expulsés.
- Comprendre et s’engager quant à l’esprit et à l’intention des Traités de Paix et d’Amitié.
- Détenir le droit souverain au droit Wabanaki ainsi qu’au droit canadien. Le système à deux paliers du gouvernement fédéral requiert qu’une loi soit votée d’abord par la Chambre des communes et ensuite par le Sénat. Une fois adoptée par le Sénat, la loi est inscrite dans le droit canadien et devient difficile à modifier. Ce processus présente un défi pour les tentatives de changement : pour que le droit Wabanaki soit respecté, les deux chambres du Parlement auraient besoin de voter une Loi d’autodétermination qui reconnaîtrait les lois autochtones en général et le droit Wabanaki ici dans les provinces de l’Atlantique.
- L’égalité, la justice et la protection mutuelles, pour tous les peuples.
La Proclamation royale de 1763
Avant la Proclamation, les commissaires des traités ont émis l’avis formel suivant : « Les directives de notre gouvernement sont de vous dire que les Anglais n’ont aucun projet de prendre votre pays ou aucune de vos terres; ni de vous priver de vos justes Droits ou Privilèges ». (Novembre 1720)
Le 7 octobre 1763, le roi George III a émis une Proclamation royale. Son intention était de garder les peuples autochtones comme alliés lors de périodes de guerre, ainsi que comme partenaires commerciaux. La proclamation assurait ces deux buts en reconnaissant les territoires de chasses autochtones et en assurant leur protection en établissant des « terres de chasse » protégées contre toute nouvelle incursion. Elle reconnaissait que les traités réservaient des terres aux Autochtones, et affirmait que tous les traités signés jusqu’à date devaient être reconnus comme valides.
Les Autochtones soutiennent que la Proclamation royale les reconnait en tant que propriétaires de leurs territoires traditionnels. La phrase-clé de la Proclamation reflétant ce fait ordonne aux gouverneurs et commandants militaires anglais « de n’accorder … aucun permis d’arpentage ni aucun titre de propriété sur des terres … qui n’ont été ni cédées ni achetées par nous … et ont été réservées aux tribus d’Indiens susdites ou à quelques-unes d’entre elles ». Finalement, la Proclamation établissait les lignes directrices pour l’installation d’Européens sur les terres autochtones. Cependant, la Proclamation s’est avérée une tentative futile de préserver les terres qui restaient aux peuples autochtones et, jusqu’à un certain point, leurs cultures.
Au sein de chaque nation Wabanaki, on trouvait des villages permanents et des territoires de chasse alloués à divers clans. Lorsque les clans visitaient leurs territoires de chasse, ils cueillaient aussi des plantes médicinales, récoltaient le sirop d’érable, et les matériaux nécessaires à la construction de leurs demeures et de leurs canots en écorce de bouleau. Les territoires de chasse représentaient plus que des zones où chasser le gibier : ils fournissaient aussi des ressources additionnelles pour assurer la survie du peuple.
ATTENDU qu’il est juste, raisonnable et essentiel pour notre intérêt et la sécurité de nos colonies de prendre des mesures pour assurer aux nations ou tribus d’Indiens qui ont des relations avec nous et qui vivent sous notre protection, la possession entière et paisible des parties de nos possessions et territoires qui n’ont été cédées ni achetées et qui ont été réservées à ces tribus ou quelques-unes d’entre elles comme territoires de chasse.
Aucun établissement européen, aucune occupation ou violation ne serait permise sur ces « territoires de chasse » sans le consentement de la Couronne. La Proclamation royale établissait aussi une « relation de confiance » entre la Couronne et les peuples autochtones en déclarant que seule la Couronne pouvait « acheter » des terres aux Premières Nations. Finalement, elle spécifiait que de nombreux nouveaux colonisateurs étaient coupables d’avoir volé des terres. Cependant, la Proclamation n’a pas mis fin à ces agissements. La Couronne britannique et plus tard le Canada n’ont pas tenu compte de la Proclamation.
ET, NOUS enjoignons et ordonnons strictement à tous ceux qui en connaissance de cause ou par inadvertance se sont établis sur des terres situées dans les limites des contrées décrites ci-dessus ou sur toute autre terre qui n’ayant pas été cédée ou achetée par nous se trouve toujours réservée pour les susdits Indiens, de quitter immédiatement leurs établissements.
La Loi sur les Indiens
L’Acte de l’Amérique du Nord Britannique, 1867, qui a créé le Canada, donnait au gouvernement fédéral la responsabilité et la juridiction constitutionnelles sur « les Indiens et les terres réservées aux Indiens ». Les peuples des Premières Nations n’ont pas été invités à prendre part aux discussions menant à l’élaboration de cet acte, et n’ont pas non plus été consultés lorsque le gouvernement fédéral est devenu responsable pour eux. Ils ne savaient pas qu’ils deviendraient pupilles de l’État.
L’Acte des Sauvages de 1876 (nom original de cette loi) est une loi fédérale canadienne qui régit les affaires concernant le statut d’indien (autochtone), les bandes et les réserves (appelées maintenant communautés). Paternaliste et intrusive, cette loi place les Autochtones sous l’autorité du ministère des Affaires indiennes; son but principal est d’assimiler les Autochtones à la société ordinaire, c’est-à-dire la société des colonisateurs. Elle autorise le gouvernement canadien à régir et administrer les affaires et la vie quotidienne des Autochtones inscrits en tant qu’« Indien » et de leurs réserves, à exercer une autorité politique quasi-totale sur les nations autochtones en imposant le système de Chef et Conseil de bande comme système de gouvernement, et même de régir les pratiques culturelles et traditionnelles des communautés. L’acte détermine l’usage des terres et indiquent les critères qui permettent de définir une personne comme étant « indienne », malgré le fait que les Autochtones possèdent leurs propres termes d’auto-identification.
Bien qu’elle ait été souvent modifiée depuis 1876, la loi conserve son intention originale. Un grand nombre de gens croient qu’elle reflète les politiques assimilationnistes qui avaient le but de mettre fin aux particularités culturelles, sociales, politiques et économiques des Autochtones. Le nom français de la loi suggère pourquoi : bien qu’on l’appelle maintenant la Loi sur les Indiens, la loi a bel et bien été connue comme « Acte des sauvages », tout comme le ministère connu en anglais comme « Department of Indian Affairs » a été en français le « Département des Affaires des Sauvages » jusqu’en 1922, quand on a commencé à parler de « Département des Affaires indiennes ».
Le grand but de notre législation a été d’en finir avec le système tribal et d’assimiler à tous égards le Peuple Indien aux autres habitants de la Dominion, avec autant de célérité que le permettra leur capacité à changer.
Sir John A. Macdonald, 1887
L’égalité n’a jamais émergée sous l’égide de la Loi sur les Indiens. Le gouvernement canadien a assumé le contrôle de la gouvernance, l’économie, la religion, les terres, l’éducation, et les vies personnelles des Premières Nations. Le gouvernement canadien exerçait une domination perpétuelle. Les Autochtones se retrouvaient marginalisés. Par exemple, au début, un Autochtone n’avait qu’à s’inscrire à l’université pour perdre instantanément le droit au statut d’indien (parce qu’aller à l’université était un signe d’être devenu « civilisé » et donc de s’être assimilé dans la société coloniale). Les Autochtones ayant statut d’indien sont devenus citoyens canadiens en 1956, mais ont seulement reçu le droit de vote en 1960 et n’avaient pas le droit de quitter la plupart des communautés des Premières Nations.
La Proclamation royale est-elle encore valide?
Beaucoup d’Autochtones soutiennent que la Proclamation royale représentait un premier pas vers la reconnaissance des Droits autochtones. Bien que les Wabanaki avaient déjà signé un nombre de traités (c.-à-d. les traités de 1725, 1749, 1752, 1760-61, etc.), d’autres groupes autochtones comprenaient que cette Proclamation représentait la base pour le processus de l’établissement de traités. La Proclamation donne des preuves de la souveraineté des peuples autochtones et de leurs droits aux terres et aux ressources. Cependant, la Proclamation représente uniquement un point de vue britannique, sans apport autochtone, et donne clairement un monopole sur les terres autochtones à la Couronne britannique. Aujourd’hui, la Proclamation est souvent citée dans des arguments juridiques et lors de contestations d’interprétations des Traités par la Couronne.
La Proclamation royale est entérinée dans l’article 25 de la Loi constitutionnelle de 1982. Cette section de la Charte canadienne des droits et libertés garantit que rien ne peut éteindre les droits autochtones énoncés dans la Proclamation. Malgré cela, les Autochtones doivent encore engager des poursuites légales pour prouver l’existence de leurs titres ancestraux sur des terres.
La Loi sur les Indiens et les politiques gouvernementales
Aujourd’hui, par l’entremise de la Loi sur les Indiens, le gouvernement fédéral :
- garde encore toutes les terres sous tutelle pour les Autochtones
- décide encore qui a le droit au statut d’indien et l’appartenance à une Première Nation
- décide encore où les enfants iront à l’école
- gère encore des centaines de millions de dollars qu’il détient en fiducie au nom d’Autochtones
- gère encore les élections au sein des Premières Nations
- maintient encore le contrôle sur les droits à la propriété et les héritages
- gère encore les terres et les ressources
- vise encore l’intégration et la rupture des liens tribaux
- combat encore contre l’égalité pour les jeunes Autochtones
- empêche encore d’accélérer les revendications territoriales
Alors, pourquoi ne pas supprimer la Loi sur les Indiens?
La Loi sur les Indiens demeure une législation controversée. L’Assemblée des Premières Nations la dénonce comme une forme d’apartheid. Amnesty International, les Nations Unies, et la Commission canadienne des droits de la personne l’accusent d’entériner des violations des droits de la personne.
La plupart des Premières Nations désirent l’abrogation de la Loi sur les Indiens et son remplacement par une initiative législative pour l’autogouvernement autochtone – qu’elle ne soit plus révisée, mais abolie. Cependant, quelques Premières Nations sont encore prêtes à rester soumis à la Loi sur les Indiens parce que celle-ci affirme néanmoins l’existence et le caractère unique de la relation constitutionnelle entre les Autochtones et le Canada. Si la Loi devait subir d’autres changements, tous les gouvernements autochtones s’entendent qu’il faudra qu’ils participent activement à l’élaboration de ces changements. Toutes les parties doivent s’entendre sur les responsabilités.
La gouvernance Mi’kmaw, Pescomody et Wolastoqey
Conseils de bande
Certains termes coloniaux comme Bande indienne ou bande ne sont plus acceptables pour faire référence aux Autochtones. Une Première Nation est l’unité gouvernementale de base, définie ainsi par la Loi sur les Indiens. Chaque Première Nation est généralement représentée par un conseil de bande présidé par un chef élu, et comprend aussi parfois un chef héréditaire. L’appartenance à une bande est régie d’une de deux manières. En premier lieu, l’appartenance à la plupart des bandes peut être obtenue en s’inscrivant au Registre des Indiens maintenu par le gouvernement fédéral. En deuxième lieu, on peut se faire accepter comme membre d’une bande par l’une des Premières Nations. Cela veut dire qu’on peut être membre d’une Première Nation mais ne pas être reconnu en tant qu’« Indien ayant statut légal », selon la définition du gouvernement fédéral. À compter de 2013, il y avait 253 Premières Nations au Canada qui avaient leurs propres critères d’appartenance.
Plusieurs Premières Nations peuvent être unies au sein de regroupements régionaux plus importants appelés conseils tribaux. On peut aussi constater l’émergence d’un nouveau type d’organisation, les conseils des chefs, comme la Nation Wolastoqey (voir ci-dessous). Typiquement, chaque Première Nation est aussi membre d’un conseil ou de plusieurs conseils plus étendus, ou d’autres organisations de ce genre, qui peuvent représenter des Nations venant d’autres provinces ou états, comme la Confédération Wabanaki ou le Grand Conseil des Mi’kmaq (le Santé Mawiómi). On a discuté de ceux-ci de façon assez détaillée en 4e année. Les Premières Nations sont aussi représentées à l’Assemblée des Premières Nations (anciennement connue comme la Fraternité nationale des Indiens), une organisation pancanadienne présidée par un chef élu au sein de laquelle chaque Première Nation dispose d’un vote. Jusqu’à un certain point, les Premières Nations sont l’instance dirigeante de leurs communautés. Les gouvernements des Premières Nations représentent aussi le grand nombre d’Autochtones vivant en milieu urbain qui sont membres de leur Nation, et ils peuvent aussi traiter avec des non-membres qui vivent dans des communautés des Premières Nations ou qui travaillent pour la Première Nation en question.
Karl Hele (parmi les plus grands experts sur la Loi sur les Indiens) dit :
Selon le gouvernement du Canada, seuls les « Indiens » qui sont « Indiens » sont ceux reconnus par le gouvernement aux termes de la Loi sur les Indiens. La définition gouvernementale d’Indien est compliquée et alambiquée.
Bien que les « Indiens » aient un certain droit de parole concernant l’appartenance à une bande, ils n’ont pas l’autorité de conférer ou de refuser l’inscription en tant qu’« Indien ».
Aucun des règlements concernant l’inscription ne prend en compte les traditions ou préoccupations des « Indiens ».
Seuls les Indiens inscrits et les « Indiens des traités » possèdent des droits en vertu de la section 35 de la Constitution et la Loi sur les Indiens.
La Nation Wolastoqey au Nouveau-Brunswick
Voici un exemple d’un conseil des chefs. D’abord connu sous le nom de La Nation Malécite au Nouveau Brunswick (Maliseet Nation in New Brunswick, MNNB), ce regroupement a reçu son certificat de constitution en avril 2017 et a changé son nom à La Nation Wolastoqey au Nouveau-Brunswick (Wolastoqey Nation in New Brunswick, WNNB). La WNNB regroupe la Première Nation Malécite du Madawaska, la Première Nation de Tobique (Neqotkuk), la Première Nation de Kingsclear, la Première Nation de St. Mary et la Première Nation d’Oromocto. Cette organisation fournit des conseils techniques aux dirigeants Wolastoqey et des Coordonnateurs spécialisés en développement des ressources (Resource Development Consultation Coordinators, RDDC) en ce qui concerne la mise en œuvre et l’exercice des droits Wolastoqey protégés par la Constitution. La WNNB aspire à protéger et promouvoir les terres, les cérémonies, les pratiques culturelles et la langue traditionnelle. Certains de leurs projets actuels visent la foresterie, la pêche et le changement climatique; d’autres incluent un plan stratégique pour les droits, des études environnementales et sur l’usage traditionnel des terres.
Wolastoqey Motewekon – Drapeau de la nation
Description du logo et du drapeau de la nation Wolastoqey au Nouveau-Brunswick
Explication : Nous sommes enrobés du Ciel Wabanaki – nous sommes le peuple de l’aube. Nous nous réunissons autour du centre du feu. Nos six Nations Wolastoqey se tiennent côte-à-côte, unies. Ensemble, nous gardons allumé le feu, nous gardons nos wigwams là où nous nous réunissons. Ensemble nous honorons nos traditions, nos récits, nos enseignements et l’importance de nos feux de conseil. La terre sous nos pieds représente nos ancêtres, qui nous guident en tant que chefs et porteurs de connaissances. Cela représente que nous portons tous le sachet de remèdes qui aide à avancer notre culture et de tisser ces enseignements dans la vie que nous vivons à présent. La double courbe embrasse le ciel – les deux bras de la double courbe portent les couleurs des wampum, symbolisant nos traités et les sept générations qui nous ont précédées et les sept générations de guides à venir. Au-dessous, coule la rivière qui lie nos six nations, rappelant que nous sommes Wolastoqewiyik, le Peuple de la belle et abondante rivière.
Combien de ces éléments peux-tu identifier sur le drapeau?
Le Grand Conseil Wolastoqey
Explication : Le Grand Conseil Wolastoqey, qui servait de gouvernement aux Wolastoqewiyik avant que le système du chef et conseil de bande ne soit imposé par la Loi sur les Indiens, a adopté ce symbole pour utilisation sur un drapeau il y a environ dix ans. Un document historique retrouvé dans les archives explique qui étaient les Wolastoqewiyik. Ce peuple était auparavant connu comme les Kiwhosuwi-skicinuwok (le Peuple du rat musqué), avant d’être connu comme Wolastoqewiyik. Kiwhos (le rat musqué) est leur tutem (totem), ce qui explique pourquoi l’homme et la femme pagaient leur canot pour suivre Kiwhos (un rat musqué). Kiwhos (les rats musqués) fournissaient des vivres et des vêtements aux Wolastoqewiyik, et les guidaient aussi vers les remèdes le plus précieux, Kiwhosuwasq. Ce symbole historique illustre en détail qui sont les Wolastoqewiyik en tant que peuple. La ligne rouge au bas représente les ancêtres qui sont profondément enracinés dans la patrie, Wolastokuk. La ligne verte représente toute la végétation, les arbres, les herbes, la nourriture et les remèdes, tout ce qui assure la survive des êtres vivants. Le bleu représente l’eau : les ruisseaux, les rivières, les fleuves, les lacs et les océans. L’eau nourrit toute la création, pour aider la nourriture et les remèdes à croître, ce qui en retour donne l’équilibre à la vie. Le jaune représente le soleil, qui brille sur la terre pour que croissent la nourriture et les remèdes et qui donne chaleur et lumière. Le soleil fait s’évaporer l’eau, qui forme des nuages pour redonner l’eau à la terre et l’entretenir. Le soleil rappelle aux Wolastoqewiyik qu’ils font partie de la Confédération Wabanaki, le Peuple de l’aube.
Profil d’activité
Déclaration en vue de renommer le Wolastoq
Le 23 juin 2018, des Wolastoqewiyik – le peuple de la belle et abondante rivière – et leurs alliés, côte-à-côte, ont tenu une cérémonie où ils ont réclamé la réhabilitation du nom de cette rivière belle et abondante. Le chef héréditaire Ron Tremblay a déclaré :
Lorsque Champlain a débarqué sur les côtes de la Patrie Pescomody en 1604 et s’est rendu éventuellement à Wolastokuk, notre Belle et Abondante Patrie, il a renommé le Wolastoq, notre Belle et Abondante Rivière, et lui a donné le nom de Saint Jean, d’après Saint Jean Baptiste. En faisant cela, Champlain déclarait que puisque les Wolastoqewiyik qui occupaient les terres et les rivières n’étaient pas chrétiens, il avait, lui, le droit de leur prendre leurs terres et leurs rivières et d’y donner de nouveaux noms. En conséquence, les Wolastoqewiyik sont devenus presque invisibles dans leur propre patrie.
Mais les terres n’étaient pas vides, les Wolastoqewiyik y étaient à cette époque, et nous y sommes encore aujourd’hui. Plus tard, les colonisateurs britanniques qui ont colonisé notre Wolastokuk (Patrie Wolastoqey) ont changé l’orthographe du français à l’anglais, de Saint Jean à St. John.
Pendant tout ce temps, nos ancêtres Wolastoqey n’ont jamais été consultés quant à si notre rivière pouvait recevoir un nouveau nom. Saint Jean Baptiste n’avait aucun lien avec notre peuple en ce temps, et en a à peine maintenant.
Les responsables gouvernementaux ont répondu que ce serait trop difficile, puisque non seulement le Nouveau-Brunswick mais aussi le Québec et le Maine, un état des États-Unis, seraient impliqués, car le Wolastoq (la rivière Saint-Jean) coule à travers ces trois régions géographiques.
Le Grand Conseil Wolastoqey, un organisme qui n’est pas reconnu formellement par la Loi sur les Indiens, a soulevé cette idée en 2017 et 2018, disant que redonner son nom à la rivière serait en ligne avec les buts de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada.
Le Grand Conseil Mi’kmaq – Santé Mawiómi
Le Grand Conseil des Mi’kmaq – le Santé Mawiómi ou Mi’kmawey Mawio’mi – était le plus haut niveau du gouvernement traditionnel des Mi’kmaq du Canada actuel, jusqu’à ce que, en 1876, la Loi sur les Indiens impose des gouvernements élus. Après la Loi sur les Indiens, le Grand Conseil a adopté un rôle plus spirituel. Le titre de Grand Chef se faisait accorder à l’un des chefs de district, qui venait habituellement du district Mi’kmaw d’Unamáki (l’île du Cap-Breton). Ce titre héréditaire passait généralement au fils aîné du Grand Chef. Le Grand Conseil se réunissait sur une petite île du Cap-Breton nommée Mniku. Aujourd’hui, cette île est sur le territoire de la Première Nation de Chapel Island (Potlotek). Encore aujourd’hui, le Grand Conseil se réunit à Mniku pour discuter d’enjeux actuels au sein de la nation Mi’kmaq.
Les Mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse se réunissent encore à Mniku, comme ils le font depuis de nombreuses années. Au Nouveau-Brunswick, les Mi’kmaq se réunissent à Esgenoopetitj (Skno’pitijk), et célèbrent aussi la Fête de Sainte-Anne, leur sainte patronne. Avant que le gouvernement fédéral n’interdise les assemblées, Esgenoopetitj (Skno’pitijk) était connu comme le lieu de rassemblement des Mi’kmaq. Lors de ces rencontres, les Mi’kmaq discutaient d’enjeux sociaux et politiques. C’était aussi le moment où célébrer les mariages; on y tenait des tribunaux traditionnels; et on débattait de nombreuses autres questions sociales.
Traditionnellement, les Mi’kmaq s’organisent en sept districts distincts, qui se nomment :
- Kespukwitk (Là où finit la terre) – les comtés de Queens, Shelburne, Yarmouth, Digby et Annapolis, en Nouvelle-Écosse
- Sipekne’katik (Région de pommes de terre sauvages) – les comtés d’Halifax, Lunenburg, Kings, Hants et Colchester, en Nouvelle-Écosse
- Eskikewa’kik (Territoire de ceux qui tannent les peaux) – la région entre le comté de Guyborough et le comté d’Halifax, en Nouvelle-Écosse
- Unama’kik (Pays des brumes) – l’île du Cap-Breton et Ktaqmkuk (la terre de l’autre côté de l’eau), l’île de Terre-Neuve
- Epekwitk (terre sur l’eau) – l’Île-du-Prince-Édouard
- Piwktuk (Le lieu explosif) – le comté de Pictou, Nouvelle-Écosse
- Siknikt (Bassin versant) – inclut le comté de Cumberland en Nouvelle-Écosse, et les comtés de Westmorland, Albert, Kent, Saint-Jean, Kings, et Queens, au Nouveau-Brunswick
- Kespek (Dernière terre) – la région au nord-est du Nouveau-Brunswick au nord de la rivière Richibucto et la partie sud de la Gaspésie, au Québec
Ces districts étaient liés à l’océan et étaient formés de territoires intérieurs qui suivaient les bassins versants et les principaux systèmes fluviaux, qui formaient des frontières naturelles. Le Grand Conseil Mi’kmaq se réunit lors de la Fête de Sainte-Anne depuis plus de 250 ans, depuis la période d’élaboration de traités entre Mi’kmaq et Britanniques au 18e siècle. La fête était célébrée par les Mi’kmaq qui s’étaient convertis à la religion catholique. Certains rejetaient le catholicisme et maintenaient leurs croyances et leur spiritualité traditionnelles.
La confédération Waponahkiyik (Wabanaki)
En 4e année, les élèves se sont penchés sur la Confédération Waponahkiyik (Wabanaki), qui avait été formée par les Premières Nations du nord-est (Mi’kmaq, Wolastoqewiyik, Pescomody, Penobscot et Abénakis) afin de se protéger mutuellement contre les attaques par d’autres nations hostiles. Aujourd’hui, la Confédération s’étend sur le territoire de deux pays et englobe cinq nations Wabanaki. Son mandat demeure la discussion de sujets qui dépassent les frontières et unit les peuples. Un des sujets les plus importants qu’elle a abordé récemment est la vérité à propos des pratiques nuisibles de l’état du Maine envers les enfants autochtones dans le passé. Pour plus de renseignements, cliquez sur le lien suivant Headline+News+Identity.docx.pdf (squarespace.com) (en anglais seulement). Un document rédigé en français pourrait également retenir l’attention des enseignants : Photocopieur-20160404140225 (caodanak.com)
« À travers le monde, de nombreuses commissions de vérité se sont engagées à intégrer les voix de peuples autochtones qui ont souffert des violations des droits de la personne aux mains de gouvernements et d’autres groupes politiques. Cependant, la plupart de ces commissions officielles de vérité ont aussi un objectif d’édification de la nation, tout au moins dans le sens de légitimer ou ré-légitimer le gouvernement en place, et pour cette raison certains militants des droits autochtones se sentent peu à l’aise à l’idée d’y participer.
Esther Attean et Jill Williams, « Homemade Justice », Cultural Survival Quarterly, mars 2011
Dans le passé, à l’époque de l’élaboration des traités, les Britanniques n’avaient jamais une idée très claire de qui devrait être invité à signer un traité. Pour les Wabanaki, cependant, il était important que les traités soient ratifiés de génération en génération. La Confédération Waponahkiyik (Wabanaki) était un moyen par lequel les ententes et les traités importants étaient distribués à toutes les nations participantes.
Aujourd’hui, parmi les Mi’kmaq, Wolastoqewiyik, et Pescomody (Peskotumuhkati au Canada), les discussions sont souvent prolongées afin d’accommoder toutes les voix, y compris celles des Aînés et des Mères de clan. Généralement, les Mères de clan sont responsables de nommer les chefs et de transmettre les connaissances culturelles lors des prises de décisions. Il s’agit d’un rôle traditionnel tenu par une Aînée matriarche. Dans ces sociétés ouvertes, la voix de chacun compte. Les nations Wabanaki continuent de s’investir dans la prise de décision collective et consensuelle. Cela veut dire qu’il peut se passer des semaines ou des mois pour arriver à une décision finale une fois que toutes les opinions ont été prises en compte. Aujourd’hui, cela soulève de véritables défis, car certaines situations demandent souvent des réactions instantanées, et il en résulte souvent des manifestations lorsque le gouvernement va de l’avant sans consultation véritable et exhaustive.