Apprentissage de l’élève
Je serai en mesure :
- d’apprécier que dans les traités originaux, ce à quoi les dirigeants Wabanaki pensaient s’engager n’était pas ce que le gouvernement britannique avait établi (Activité 1 et 2)
- d’identifier certains des traits de caractère dont aurait besoin un leader qui doit entamer des négociations avec des gouvernements à l’heure actuelle, et les comparer avec les miennes (Activité 1)
- d’écrire un résumé biographique d’un leader autochtone qui a eu un effet sur les droits issus de traité dans la province (Activité 2)
- de créer une ligne du temps qui montre des leaders contemporains et le rôle qu’ils ont joué dans la détermination des droits et des traités (Activité 2)
L’Abbé Maillard ayant été présenté, celui-ci a traduit le traité pour le Chef… Le Chef a alors déposé la hache sur le sol, et après que celle-ci fut enterrée, les Indiens ont procédé à la cérémonie où ils ont lavé la peinture de leurs corps, comme gage que les hostilités avaient pris fin; puis ils ont partagé un festin que l’on avait étalé au sol pour eux, et toute la cérémonie s’est conclue par un toast porté par tous présents à la santé du roi… On dit que cette cérémonie a eu lieu dans le jardin du Gouverneur.
Thomas Akins, History of Halifax City (Histoire de la ville d’Halifax), 1973, pp. 64-66
En ratifiant des traités, les nations autochtones de la côte Est espéraient vivre en coexistence pacifique avec ceux qu’elles avaient jadis accueillis et considérés comme des invités. Je crois fermement que les Mi’kmaq n’auraient jamais signé le Traité de 1725 s’ils en avaient compris le libellé qui les dépeignait comme des serviteurs rendant hommage à leur maître et seigneur, le roi d’Angleterre.
Daniel N. Paul, Ce n’était pas nous les sauvages
On devait confier l’avenir à des dirigeants qui pouvaient rire d’eux-mêmes et taquiner leurs critiques, qui reconnaissaient autant l’ironie et l’absurdité que la tragédie de leurs propres vies.
Russell Barsh, The Personality of a Nation, p. 120
Alors vos Pères nous ont parlé
Peter Ginnish, Esgenoopetitj (Skno’pitijk) (Burnt Church), N.-B., dans The Micmac Indians of Eastern Canada par Wilson D. Wallis et Ruth Sawtell Willis
Ils ont dit : raccrochez la hache
Nous vous protégerons
Nous deviendrons vos pères
Dès le tout début, les Chefs, les Aînés, et leurs représentants ont essayé d’assurer une stabilité socio-économique pour leur peuple dans l’avenir. Ils s’entendaient pour soutenir que les ententes conclues dans les traités étaient des contrats permanents et ayant force de loi. Dans cette leçon, les élèves vont identifier quelques-uns des leaders autochtones d’aujourd’hui (Mi’kmaq, Wolastoqewiyik et Peskohtomuhkati (Pescomody)) et les défis auxquels ils font face.
Les traités de paix et d’amitié, signés au 18e siècle, suivaient tous à peu près le même modèle. Leurs termes rétablissaient tout simplement la paix et les relations commerciales. Dans ces traités, les Autochtones n’ont pas abandonné leurs droits aux terres ni aux ressources. Deux des traités incluent une clause spécifique liée au commerce qu’on ne trouve pas dans les autres traités, qu’on appelle la clause relative aux maisons de troc. Dans les traités de paix et d’amitié de 1752 et 1760-61, les Britanniques promettaient d’établir un magasin de troc, ou poste de traite, à l’usage exclusif des signataires autochtones. Comme l’un des principaux motifs de la conclusion des traités était de rétablir le commerce à l’intérieur de la colonie, ces magasins de troc serviraient à encourager une relation commerciale entre les Mi’kmaq, Wolastoqewiyik et Peskohtomuhkati (Pescomody) et les colonisateurs britanniques. Bien que les postes de traite eux-mêmes n’aient pas existé longtemps, au cours des années 1980 et 1990 la clause relative aux maisons de troc est devenue le point de mire de deux affaires judiciaires différentes. Dans l’affaire Simon comme dans l’affaire Marshall, des plaignants autochtones ont affirmé que la clause relative aux maisons de troc garantissait aux Autochtones le droit de chasse et de pêche à travers la région et le droit d’y maintenir un mode de vie modéré. Une certaine irrévocabilité était inscrite dans les lignes de ces traités. Voici quelques exemples tirés de différents traités :
1713 Traité de Portsmouth — Il s’agit du premier traité signé par les Wolastoqewiyik. Ce traité promettait aux peuples Wabanaki « pleine liberté de chasse, de pêche, de chasse aux oiseaux et toutes autres libertés et privilèges légitimes ». Il faisait suite à une dizaine d’années de guerre pendant lesquelles les Wabanaki s’étaient alliés aux Français pour faire front à l’expansion de la présence britannique. Il a aussi coïncidé avec le Traité d’Utrecht entre les Anglais et les Français, dans lequel l’Acadie (la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick actuels) a été cédée aux Anglais. On avait dit à un des interprètes, chargé de traduire le traité pour les Wabanaki, de ne pas le traduire trop précisément. C’est là un des problèmes majeurs avec les traités, depuis le tout début : très peu des signataires autochtones pouvaient parler la langue dans laquelle les traités étaient rédigés et aucun d’eux ne pouvait la lire, et ils dépendaient donc entièrement des interprètes. Cependant, bien que ce traité ait été signé par des représentants britanniques, on ne considère pas qu’il s’applique au Canada, parce qu’il a été signé au Massachusetts.
1752 « Nous ne souffrirons point que vous soyez entravés de Chasser ou de Pêcher en ce Pays comme vous avez eu coutume de le faire, et s’il vous semble bon d’établir vos Femmes et vos Enfants sur la Rivière Shubenacadie, nul ne nous en empêchera, ni n’interférera dans les terres où vous êtes, et le Gouverneur y placera un Magasin de Troc rempli de Marchandises, où vous pourrez avoir à un prix raisonnable toute chose qui vous manque et où l’on vous donnera la pleine valeur des peltes, plumes, ou autres choses que vous aurez à vendre. » — « Extrait d’une lettre signée et scellée par son excellence Peregrine Thomas Hopson, Esq., Général et Gouverneur-en-chef dans et pour la province de la Nouvelle-Écosse ou Acadie de Sa Majesté, en réponse aux propositions faites par Jean-Baptiste Cope, pour Lui-Même et sa Tribu, et à ses offres et son Engagement de mener ici les autres Tribus Micmack pour renouer la paix 1752. » (Traité de paix et d’amitié 1752)
1761 « Au cours de l’hiver, huit autres chefs indiens se sont rendus, ainsi que toute la tribu Micmac, qui s’élevait à cette époque à 6 000 âmes, et ont abandonné la cause de la France et sont devenus dépendants des Anglais. Voici le nom des Chefs qui ont signé l’engagement d’allégeance et leurs lieux de résidence : Louis Francis (François), Chef de Miramichi; Dennis Winemower, de Tabogunkik; Etienne Abchabo (Aikon Aushabuc), de Pohoomoosh; Claude Atanage, de Gediaak (Shediac); Paul Lawrence (Laurent), de La Have; Joseph Alegemoure (L’kimu) de Chignecto ou Cumberland; John Newit (Noel), de Pictou; Baptiste Lamourne, de l’Île Saint-Jean (l’Île-du-Prince-Édouard); René Lamourne de Nalkitgoniash (Antigonish); Jeannot Piquadaduet (Pekitaulit) de Minas; Augustin Michael de Richibucto; Bartlemy Annqualet (Amquaret) de Kishpugowitk. Les Chefs ci-dessus ont été envoyés à Halifax, et le 1er juillet 1761, Joseph Algimault (L’kimu) (ou, comme le nommaient les Indiens, Arimooch), a tenu de longs discours avec le gouverneur Lawrence. La hache a été solennellement enterrée, on a fumé le calumet (une pipe à longue tige) … les nombreux orchestres ont joué l’hymne national; la garnison et les navires de guerre ont tiré des saluts royaux… — Abraham Gesner, Le Nouveau-Brunswick avec des notes pour les émigrants, 1847, pp. 46-47
1761 « Avec cette conviction, je vous tends de nouveau la main de l’Amitié, comme symbole de l’octroi de votre pleine jouissance de la protection et de la Liberté anglaises, et je vais maintenant conclure cette Cérémonie par ces Actes solennels, que vous aurez à conserver et que vous devrez transmettre aux Enfants de Vos Enfants avec la Charge de ne jamais enfreindre les Sceaux ni les Conditions de cet Engagement. » — Proclamation de Belcher
Il vaut la peine de souligner qu’il n’existait pas à vrai dire de conception des droits de la personne à l’époque où ont été signés les traités. La liberté et l’égalité sont des idées qui sont seulement devenues populaires en Europe après la Révolution française. Cependant, les chefs autochtones reconnaissaient que pour garantir la paix et l’amitié, il était nécessaire d’établir une relation sur la base d’une entente commune.
Les tribunaux canadiens reconnaissent que les droits constitutionnels des Autochtones n’ont pas été créés par la législation canadienne, mais datent d’avant la fondation du Canada. Les droits autochtones incluent la langue, la culture, les valeurs, la socialisation, les relations et coutumes communales, la spiritualité et la religion, les structures de gouvernance, et l’apprentissage tout au long de la vie.
Quel est le lien entre la date d’émission et le timbre?
Vous trouverez ci-dessous un agrandissement du timbre.
L’ère moderne des traités s’est ouvert en 1973 avec l’affaire Calder, une plainte déposée par les Nisga’a contre le gouvernement de la Colombie-Britannique. Depuis lors, on a conclu vingt-six ententes, y compris des traités, des accords-cadres, et des accords de principe, qui peuvent prendre longtemps pour mener à un traité. Il reste encore plus de 100 traités en voie de négociation. En échange de l’abolition ou la modification du titre autochtone à environ 90 % de la surface de leur territoire, les Premières Nations reçoivent des centaines de millions de dollars. Elles peuvent aussi former des gouvernements locaux ou régionaux indépendants de la Loi sur les Indiens. Enfin, elles doivent être consultées quant aux activités qui ont lieu sur leurs territoires maintenant cédés. Cependant, le gouvernement semble considérer l’autonomie gouvernementale comme un don accordé par le Canada aux peuples autochtones plutôt qu’un droit qu’on rétablit.
Les Autochtones affirment que leur droit à l’autonomie gouvernementale existe parce que, historiquement, leurs sociétés avaient été organisées et régies de façon autonome. Souvent, le processus d’entente a duré si longtemps qu’à sa fin, la Première Nation s’est retrouvée à devoir au Canada des dizaines de millions de dollars en dettes cumulées, sommes retenues sur tout paiement comptant.
Étant donné que les organismes de la Couronne réagissent négativement aux droits issus de traités, les Autochtones qui expriment ces droits sont perçus comme étant des membres déviants de la société. Après la résolution de leurs poursuites judiciaires, on les voit comme des héros. Le mouvement « Jamais plus l’inaction » (« Idle No More ») est un exemple d’action collective par les Autochtones visant à faire prendre conscience des enjeux aux non-Autochtones, à travers des manifestations et des campagnes éducatives.