Matériel nécessaire : iPad ou appli linguistique, cahier de bord, projecteur, tableau blanc, connexion Internet
Lisez la citation suivante à vos élèves pour démontrer la difficulté qu’il y avait dans le passé à garder les langues autochtones vivantes.
Plusieurs personnes de ma génération à Listuguj (Listukuj) avaient des parents qui connaissaient le Mi’kmaw, mais ne le parlaient pas à leurs enfants. Comme mon père, ils fréquentaient l’externat fédéral sur la réserve, où on les punissait s’ils parlaient leur langue et où on leur enseignait qu’elle n’avait aucune valeur. J’ai entendu une histoire que dans les années 50, le prêtre et le chef sont allés visiter les différentes maisonnées de notre communauté pour dire aux parents de ne pas enseigner le Mi’kmaw à nos enfants. Ils ont dit que les enfants iraient plus loin dans la vie sans elle. De mon temps il n’y avait pas d’écoles sur la réserve et ils nous transportaient en autobus à une école provinciale anglophone à Campbellton, alors on a été très peu exposés au Mi’kmaw pendant notre enfance.
Naomi Metallic, Listuguj (Listukuj)
Essaie maintenant d’apprendre cinq phrases en Wolastoqey ou en Mi’kmaw en utilisant un des dictionnaires audios listés ci-dessous. Pour le Wolastoqey Latuwewakon, utilise Wolastoqewatu ! Pour le Mi’kmaw, utilise Mi’gmaq Mi’kmaq Micmac Online Talking Dictionary (le contenu est traduit en anglais seulement). Essaie de voir si tu peux utiliser certaines de ces phrases ce soir avec tes parents. Ou utilise l’une des applis de prononciation fournies au début de cette unité pour apprendre à dire la phrase suivante :
Ketu’ Kina’masi ta’n tel-Mi’kmawii’simk
J’aimerais apprendre à parler la langue Wolastoqey (ou Mi’kmaw).
Nkotuwokehkims Wolastoqewatuwan
Portrait — L’Aîné George Paul et le Chant d’honneur Mi’kmaq
Traduit dans de nombreuses langues, joué avec l’accompagnement de toutes sortes d’instruments, et chanté pour des publics partout dans le monde, le Chant d’honneur Mi’kmaq exprime une profonde gratitude intérieure que ressentent aussi ceux qui l’entendent. La vidéo qui suit (en anglais seulement) décrit comment l’Aîné George Paul l’a créé.
« Il y a un esprit qui voyage avec cette chanson, » a dit Paul lors d’un entretien à son domicile à Miramichi, Nouveau-Brunswick. « Et je le sais parce que les gens me le disent eux-mêmes, ce sont comme des témoignages, ils viennent à moi et me disent, ‘Cette chanson a sauvé ma vie.’ »
Maintenant un Aîné respecté de Metepenagiag, l’idée de la chanson est venue à Paul pour la première fois lors d’un jeûne spirituel dans les années 1970s [lien en anglais seulement]. Accompagnée de tambours, on la joue à toutes sortes de rassemblements — depuis les pow-wow festifs jusqu’aux marches endeuillées pour les femmes et filles autochtones disparues ou assassinées.
« C’est un message d’une grande force, vraiment. Honorer ce que nous sommes en tant que famille humaine, s’entraider. S’entraider de la façon que le Créateur nous a donnée ici sur la Terre, notre mère. Il n’y en a qu’une. »
Paul se dit heureux de l’impact de sa chanson au cours des décennies, ainsi des occasions qu’il a eues de la partager avec des publics différents. Il a enregistré le chant avec l’orchestre symphonique de la Nouvelle Écosse, et le curriculum sur l’enseignement des Traités de la Nouvelle Écosse inclut un livre au sujet de la chanson.
(https://www.cbc.ca/news/canada/nova-scotia/mi-kmaq-honour-song-yo-yo-ma-jeremy-dutcher-1.6202889 [lien anglais seulement])
Plus récemment, Jeremy Dutcher a chanté le Chant d’honneur avec le violoncelliste de réputation internationale Yo-Yo Ma, sur le dernier album de ce dernier. (https://www.cbc.ca/news/canada/nova-scotia/mi-kmaq-honour-song-yo-yo-ma-jeremy-dutcher-1.6202889 [en anglais seulement])
Commence à apprendre cette chanson en chantant avec George Paul. Puis, finalement, essaie sans lui. Battre un tambour t’aidera à garder le rythme.
Chant d’honneur de la nation Micmac. « Mi’kmaq » – YouTube (en Mi’kmaw)
Chant d’honneur Mi’kmaq
Kepmite’tmnej Tan’teli l’nuwulti’kw
Geb-mee-day-d’m’nedge Dawn deli ul’new-ul-dee-k
Respectons profondément notre état d’Autochtones
Nikma’jtut Mawita’nej
Neeg-mahj-dewt Ma-wee-dah-nedge
Mon peuple, rassemblons-nous
Kepmite’tmnej Ta’n wettapeksulti’k
Geb-mee-day-d’m’nej Dawn wetta-beg-sul-deeg
Respectons profondément nos racines autochtones
Mikma’jtut Apoqnmatultinej
Neeg-mahj-dewt Abohn-naw-dul-din-edge
Mon peuple, entraidons-nous
(Hey) Apoqnmatultinej ta’n Kisu’lkw teli ina’luksi’kw
(hey) abohn-maw-dul-din-edge dawn Gee-suelk deli ee-gah-lug-seek
Entraidons-nous ainsi que le Créateur…
Wla wskitqamu Eye eya
Wulla wuk-seed-hah-moo Way-ah heyo
…l’a voulu en nous mettant sur cette planète.
Refrain
Wey u we he haiya We u we he haiya
Way oh way ha yah (yah) Way oh hey oh hey ha yah
Wey u we he haiya We u we he haiya
Way oh hey ha ya (ah) Way oh hey ha yah
Wey u we he haiya We u we he haiya We u he haiya
Way oh hey hay yah
Way oh hey ha yah (ah)
Way oh hey ha ya hey yo
Wey u we he haiya We u we he haiya
Way oh way ha yah (yah)
Way oh hey oh hey ha yah
Wey u we he haiya We u we he haiya
Way oh hey ha ya (ah)
Way oh hey ha yah
Wey u we he haiya We u we he haiya We u he haiya
Way oh hey hay yah
Way oh hey ha yah (ah)
Way oh hey ha ya hey yo
REPRENDRE LA CHANSON AU COMPLET 4 FOIS
Portrait — Jeremy Dutcher
« L’écoute profonde » : Comment Jeremy Dutcher a conçu son album fascinant, gagnant du Prix Polaris
Sean Brocklehurt, CBC News, affiché le 18 septembre 2018
https://www.cbc.ca/news/indigenous/national-jeremy-dutcher-interview-polaris-prize-wolastoq-1.4820825
La première réaction de Jeremy Dutcher lorsqu’il a appris qu’il avait gagné le prix Polaris a été de hurler dans sa langue traditionnelle Wolastoqey. « Psiw-te npomawsuwinuwok, kiluwaw yut! À tout mon peuple, c’est pour toi! »
Lorsque Dutcher, qui est originaire de la Première Nation de Tobique (Nuqotkuk), a changé de langue pour l’anglais, ses paroles étaient mesurées, ciblées, et envoyaient un message puissant à la foule d’auditeurs qui remplissait de fond en comble le Carlu Theatre de Toronto. […]
« Canada, tu es en plein milieu d’une renaissance autochtone. Es-tu prêt à entendre les vérités qui doivent être dites? Es-tu prêt à voir les choses qui doivent être vues? »
Le premier album de Dutcher, Wolastoqiyik Lintuwakonawa, a été sélectionné pour le prestigieux prix Polaris comme album canadien de l’année grâce à son mérite artistique.
Il a utilisé son heure de gloire pour rappeler de façon emphatique aux gens les raisons pour lesquelles il avait conçu l’album, qui fusionne ses propres interprétations opératiques de chants traditionnels, chantés entièrement dans la langue Wolastoq.
« Faire cet album dans ma langue, et que non seulement mon peuple en soit témoin, mais aussi toutes les nations d’un océan à l’autre, du haut au bas de l’Île de la Tortue — on est au bord du précipice de quelque chose. Ça se ressent, » a-t-il dit.
« J’accomplis ce travail pour honorer ceux qui sont venus avant nous, et je pose la première pierre pour ceux qui viendront après. Tout ceci est un continuum d’excellence autochtone, et vous êtes ici pour en être témoins.
Un Travail du cœur
« Cet album est la culmination de cinq années de travail, de recherches, d’engagement communautaire, d’enregistrement, » a raconté Dutcher lors d’un entretien récent à l’émission The National de CBC.
Le ténor d’opéra de formation classique et compositeur de la Première Nation de Tobique (Neqotkuk) au Nouveau-Brunswick a étudié des enregistrements de ses ancêtres sur cylindres gravés à la cire vieux de 110 ans, provenant du Musée canadien de l’histoire. Ces enregistrements sont devenus par après l’inspiration derrière l’album.
« Lorsque j’ai pu entendre ces voix pour la première fois, ce travail a été pour moi un moment qui a profondément transformé ma vie. C’était un processus d’écoute profonde — d’être assis là avec les écouteurs et de vraiment entendre ce que ces voix avaient à me dire. »
Dutcher a passé des semaines au musée, transcrivant méticuleusement les enregistrements recueillis par William H. Mechling. Cet anthropologue a vécu parmi les ancêtres de Dutcher pendant sept ans au début du 20e siècle, captant les chants et les voix de la communauté sur des cylindres phonographiques de cire.
Dutcher a dit qu’il voulait que la couverture de l’album reflète ce processus.
« Quand on regarde la couverture de l’album, on peut voir des cylindres de cire au plancher, sur lesquels ces enregistrements ont été captés, utilisant la machine phonographique au centre, là. Et je suis assis sur la chaise, portant un veston traditionnel. Je voulais représenter l’époque où ces chants ont été recueillis. »
Dutcher ajoute qu’il a été « très, très chanceux d’avoir reçu une éducation musicale et de pouvoir transcrire ce que j’entendais, et l’écrire, et pouvoir l’emporter avec moi et créer ma propre musique à partir de ces mélodies. »
Il ajoute, « [ce contenu enregistré] ne fait de bien à personne à rester sur une étagère, accumulant la poussière. Il doit se trouver auprès du peuple. »
Préserver la langue
Armé d’un cahier rempli de transcriptions, Dutcher s’est mis à composer des arrangements musicaux autour d’elles, apportant une nouvelle vie à des chants Wolastoqey traditionnels. C’est là une langue parlée couramment par moins de 100 personnes, et que la mère de Dutcher a été punie pour l’avoir parlée lors de son enfance.
« Elle a commencé à fréquenter les externats administrés par l’église à un très jeune âge, quand elle avait seulement six ans. On n’avait pas le droit d’y parler sa propre langue. En fait, on recevait des punitions corporelles si on le faisait. Et les Aînés le savaient, et alors ils ont dit qu’il valait mieux simplement ne pas parler aux enfants dans la langue. »
« Donc, je crois que la honte qu’elle a ressentie dans ces écoles [la honte] a été pour ainsi dire retransmise de génération en génération. Et c’est alors pour ça que je me suis tourné vers les archives [d’enregistrements]. Je crois qu’il est important que les gens comprennent une histoire vraie de ce qui s’est véritablement passé, et ce qui continue de se passer dans ce pays, autour de la dévalorisation systématique des langues et des cultures autochtones. »
Dutcher dit que sa génération doit comprendre l’importance de leurs langues autochtones.
« Si la jeune génération ne commence pas à retrouver et revitaliser notre langue, nous allons la perdre à tout jamais. Quand j’ai commencé à acquérir une meilleure compréhension de ma langue, j’ai commencé à comprendre un peu mieux ma place dans le monde et à narrer de façon différente le monde qui m’entoure.
« Je crois que, pour moi, ce que ce projet m’a permis de faire, c’est de m’asseoir avec ma mère et les Aînés de ma communauté et leur poser des questions sur leurs vies. De dire ‘Quelle a été votre expérience de la musique en grandissant? Quel était le son de votre communauté quand vous étiez enfants?’ Et de comprendre que le cercle n’a jamais été rompu. Que nous ne sommes tous qu’une partie d’une lignée artistique continue de porteurs de chants Wolastoqey. »
Après cinq ans de travail sur Wolastoqiyik Lintuwakonawa, Dutcher dit qu’il n’en a pas fini avec le projet. Le jeune compositeur est prêt à le porter à un tout autre niveau.
« Pour moi, le voyage n’est pas fini. Il reste encore tant de récits à partager. J’imagine des symphonies en 2019, 2020. J’espère vous y voir! »
D’autres articles à propos de Dutcher :
- https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1161975/jeremy-dutcher-chanteur-malecite-album-rescousse-langue
- https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1101675/jeremy-dutcher-musique-actuelle-autochtone-voix-ancetres-dialogue
- https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1830659/autochtone-honor-song-sony-musique-album
- https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1786439/jeremy-dutcher-musique-wolastoqey-langue-autochtone-entrevue
- Jeremy Dutcher wins Polaris prize for Wolastoq-language album (en anglais)
- Voices from the past: Musician Jeremy Dutcher gives new life to wax cylinder recordings of his ancestors (en anglais)
- Polaris prize nominee uses original recordings of ancestors singing for a new album (en anglais)
Vidéos:
- https://www.youtube.com/watch?v=_bVDjMBSlis (Entrevue)
- https://www.youtube.com/watch?v=ozrsHvEPzMk (Entrevue – en anglais)
- https://www.youtube.com/watch?v=tQMrl-hPnUg Chant d’honneur – cette chanson a été écrite par George Paul
Visionnez avec vos élèves: l’entrevue de Jeremy Dutcher à l’émission The National de CBC (en anglais seulement)
Décrivez à vos élèves ce que Jeremy Dutcher a accompli. Jouez l’enregistrement du Chant d’honneur et montrez la couverture de son album.
Évaluation
Demandez :
- Comment cette musique aide-t-elle à préserver la langue?
- En tant que jeunes personnes, comment vous sentez-vous d’entendre qu’un artiste contemporain réenregistre cette musique qui a originalement été enregistrée il y a plus de cent ans?
- Connais-tu des chansons qui ont été transmises dans ta famille?
- Si oui, écris leurs paroles dans ton cahier.